
la coquille. C’eft même une efpèce très remarquable,
que les Naturaliftes appellent Afbefte non
mûr; ou gabbro ; pierre d’un verd foncé, douce
au toucher & d’une dureté médiocre. Et çe qui
rend ce phénomène encore plus important,
e’ eft |que la Montagne de: Turin qui nous le
fournit, n’eft pas bien éloignée d’une partie de
Y Apennin, où cette pierre primordiale eft encore
dans fa place originaire: la partie, dont
je parle eft nommée la Bouquette\ on, la traver-
fe pour venir de Gènes dans le Piémont.
Il y a donc eu certainement une époque où,
tandis que. la Bouquette , Montagne primordiale,
fe détruifoit, la Montagne de Turin
fe formoit de fes débris. Cela fe paffoit fous
les eaux de la Mer; car la Montagne de Turin
eft remplie de fes dépouilles.. Cette Mer, étoit
dans- un niveau bien différent de celui d’aujourd’hui;
car iàns confidérer même fes autres
ouvrages, le fommet de la Montagne de Turin
eft élevé de 2064 pieds audeffus de la Mer Méditerranée,
d’après les obfervations que j’y ai
faites du Baromètre (a). Et ce lie foqt point des
eaux continentales qui ont formé cette accumulation
de - débris ; car l& fonde marine y vite)
Recherches fur lu Moi, de VArn. T. II. p. 141
5c ISS» iP . il 1
Voit, & s’ y chargeoit des galets d’’Afbejle par*
mi lesquels enfuite la Mer l’enféveliffoit.
Ces Maçonnes fojjîles, qui fe font garnies déS
piërres parmi lesquelles elles ont vécu, ne
font pas le feul coquillage à qui' nous devions
cette grande leçon de Cosmologie. Les but4
ires nous la répètent; car c’eft auffi une'coqüille
qui s’ attache dans la Mer atout ce qu’elle ren*
contre: or il n’ eft pas rare d’en trouver de
fojjîles > qui fe font approprié des galets de
pierres primordiales ; & nous en avons dans no*
tre colleétion.
D’après tous ces" faits, riert n’ eft mieux
prouvé en Cosmologie , que ce que j’ ai eu*
l’honneùr de dire à V. M. fur ce point; fa**
voir, que íes Montagnes primordiales exiftoient
dans la Mer; & S’y : détruifôientV tandis que1
les Montagnes nouvelles S’ y formoient de leurs
débris & de toutes les' matières 'que les courans
entrain’ôiënt avèc eüx: accumulations que fou*'
vent ils détraifoient ou fillùnnoient enfuite,
quand leurs propres dépôts, ou d’autres caitfes»
lès forçolent à changer de Cours.
C’eft dônC' fu r fon fond que la Mer a fait
ces Montagnes où nous reconnoiffons fon OU*
vrage; & la Caufe par laquelle elles.font découvertes
, n’ a eu aucune part à leur formation»