
ee qu’il fuppofe ; parce que cë fera une vérité
générale que j’établirai.
Je n’irai pas chercher en Egypte des monu-,
mens incertains, & que peu de gens font à
portée de vérifier; nous en avons a fiez en Europe
d’ une nature inconteftable, pour nous
éelairer fur cette matière. Je ne multiplierai
pas même les preuves; une feule bien établie
fatisfait à tou t: éc elle ne répondra pas feule’1
ment à Teiliamed, mais à tous ceux qui
crpycnt que nos terreins fortent des eaux de
la Mer par des caufes lentes. Cette obferva-
tion eft de moij. frère; il la fit en 1757. dans
Y Adriatique, l’un des lieux d’oii Teiliamed tire
suffi fes prétendues preuves: Voici ce qu’il
m’écrivit alors de Venife.
„ Il n’ eft pas néceffaire d’ être fort habile
„ pour reconnoitre que la retraite de la Mer
„ dans ces parages n’ eft point l’effet de l’ a-
„ baiffement de fon niveau, mais uniquement
„ celui des limons apportés par le Pô, l’Adige
,t la Brentd & plufieurs autres Rivières. Les
faits fuivans, cpnnqs ici de tout le monde,
, , décident pleinement ta queftion.
s» L ’Eglife de S*. Marc fut commencée en
p l’année §29, mais ayant beaucoup fouffert
(1 Jjw un incendie en 976, elle ftifc bâtie dç
' nouveau ÎUr le même fol , telle qu’elle
„ fubfifte aujourd’hui. Le Portique & l’Egli-
„ fe font pavés de pierres fort belles & très
, dures, rangées en mofaïque ; & la confer-
„ vation de leur arrangement marque leur foli-
„ dité. Voilà donc un fol fixé il y a 8 ou 9
„ fiècles : & il vaudra bien le monument de
„ Teiliamed. Sans doute que lorsque les Vé-
„ nitiens entreprirent de .bâtir cette Eglife,
„ ( q u ’ ils avoient l’ambition de rendre l’une
„ des plus belles du Monde) ils favorent bien
„ qu’ ils établiffoient fon portique un peü au-
„ deflus du niveau de la Mer dans le flux. Qr
„ aujourd’hui même, il n’eft pas élevé de plus
„ d’un pied audeflus de ce niveau; .& il fcroiç
„ même inondé, pour peu que les vents fe-,
„ çondaffent la marée, fi l’on n’avoit élevé le
„ fol de la Place, qui par là fe trouve de de-,
„ mi pied audeffus de ce pavé.
Cette élévation du fol de la Place à ère in-
„ diquée par la neceffité depuis que l’Eglife eft
„ bâtie ; car autrefois on arrivoit au portique
„ en montant quelques marches. Le nouveau
„ fol a auffi enfe'veli les bafes des Colonnes du
„ Palais Ducal, qui autrefois étoient audtffas
„ du Pavé. Mais malgré ce réhauflement du
„ terrein, il arrive encore, tout somme autre-,
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