
plantes & d’animaux terrejlres, que l’on trouve
avec des corps marins dans les mêmes carrières?
D’abord, les poijfons & les crabes font dans la
terre, comme dans tout fond de Mer: leurs parties
molles y font ordinairement de'truites. Les
Poijfons font en fquelettes entre des couches de
pierres ; ou bien on n’ y trouve que leurs dents
& leurs os. La plupart des crabes ont perdu,
en tout ou en partie, leurs jambes ou leurs pin"
c e s , & l’ on trouve ces membres réparés. C’eft
ainfi que la vafe les envelope dans la Mer,
après que leurs parties molles ont été' confu_
inéès tandis qu’ ils repofoient fur elle. Cependant
on en trouve encore d’entiers, même avec
la maffe que formoit leur chair, lorsqu’ils ont
été enfévelis dans quelque vafe qui les a pour
ainfi dire embaumés. C’eft aiufi que dans l’Isle
de Sbeppey, dont le terrein eft vitriolique, des
poijfons & des crabes ont été confervés par la
pyrite qui les pénètre & les environne ; ils fem-
blent embaumés comme les momies d'Egypte.
Mais on y trouve aulfi des Crabes mutilés, &
des qs de Poijfons épars.
Et les plantes marines pierreufes, ces ruches fi
variées d’infeétes marins, qui, fous les noms
de coraux, madrépores, millépores, rétépores,
nous montrent une multitude de différentes fabrications,
toutes fi délicates, ne feront-elles
encore dans la terre que des jeux de la nature?
On les y trouve de toutes les efpèces & avec
tous leurs accidens; mutilées, percées par les.
vers marins ou par les pholades, attachées aux
coquilles,ou les tapiffant, ougrouppées enfem-
ble comme leurs analogues. Il y en a dans les
fables, qui font ifolées, & auifi bien confervées1
que fi elles fortoient de la Mer. Il y en a dans
les pierres à feu, dans la craie : furtout, les montagnes
de pierre à chaux en font remplies ;
il en eft peu d’efpèces dans la Mer, que mon
frère n’ aît trouvées par fes longues recherches
dans la feule montagne de Salève près de Genève,
qui eft de cette pierre.
Enfin les relies d’animaux & de végétaux terrejlres
complettent la preuve que tous ces
fojjiles figurés, reffemblans à des corps organi-
fés qui vivent ailleurs,font étrangers à la terre.
. Tous ces corps là font des débris, & par confé-
quent ils peuvent avoir été portés à là Mer
par les Fleuves, & promenés fur fon fond par
les Courants & les vagues, jusqu’ à ce que la
vafe les aît enfévelis. Lés relies des animaux*
font des os & des dents; ceux des végétaux,
font des feuilles; ou des morceaux de bols, dont