
oublié. Il vient du fond d’une grande coupuT
re, & à chaque Printems il recouvre encore fon
cône de nouveau moellon. Cependant la végétation
y veille; elle épie le moment de s’en
emparer : plufieurs grands arbres ont trouvé le
moyen d’y infinuer leurs racines, & d’élever
leurs troncs au deffus des décombres. Les
broffailles auifi s’avancent peu à peu depuis
le s bords ; & fi les fiabitans voifins n’ofent encore
y tenter aucune culture, ils y mènent au
moins paître leurs chèvres & leurs moutons:
& le foir en fe retirant dans leurs Chaumières ,
Femmes, Enfans, Vieillards, portent ou traînent
un fagot, pour aller préparer les alimens
de la famille, de ces hommes rabuftes fur tout,
qui reviennent peut-être de luter ailleurs contre
le Torrent, pu du moins de cultiver en diverfes
manières les terreins qu’àlâ lui ont déjà enlevés.
Mais quelquefois les hommes fe hâtent trop
d’habiter ces terreins nouveaux; & c’eft là
presque l’unique caufe des accidens qui arrivent
dans les Montagnes. Les Torrent, avant
d’arriver fur le cône où ils fe déchargent,
paffent fouvent auprès de quelqu’un des Talus
de la première efpèce, formés par la
çhûte des Rochers. Il peut arriver alors qu’ ils
les minent lourdement, fans en détacher
d’abord beaucqup de matières, parce qu’ ils n’atr
taquent que le bord de leur bafe. Si cependant
le s autres caufes qui jettoient du moëllon fur le
cours d’un Torrent fe fontépuifées ou ralenties;
que pendant un certain nombre d’années il
n’ aît fait , aucun dégât; qu’il fe foit crqufé luir
-même un lit dans fon cône fans s’y déborde?:
\ davantage; ce cône fe garnit de verdure; .les
hommes s’en approchent, y plantent, y bâ-
É; tiffent, & s’ en croyent déjà poffeffeurs. Çe-
:, pendant ils ne font pas encore fans alarmes^ cp
| Talus rongé fur la Montagne s’éboule de tcms en
tems dans le lit du Torrent qui couvre alors leurs
poffelfions, de gravier. Mais ils ne perdent poiqt
courage ; chacun s’ employe à enlever de nouveau
les groffes pierres qui s’ oppoferoient à la culture;
■pn les porte au bord du Torrent ppur le contenir
d’autant mieux; on foffoye plus profondément
que de coutume, pour ramener l’engrais
à la furfaçe; on fait une colleète dans
- les Pays voifins ppur les pauvres inondés ,• de
bonnes gpns donnent letir pite, le coeur revient
à nos Colops, .& ils oublient le mal pailé.
Mais unplps grand mal, un mal décifif^qs
. menace. Ce Talus élevé, auquel ils ne foq-
gent guère parce ou’il eft peut- être fort loin
d’epx, nç fe foutient que par une Joue d’a.d