„ le Mont Bolca, fitué entre le Vicentin & le
„ Veronois................
Lazaro Moro décrit ici cette Montagne, formée
par couches presque horizontales, fort minces
& d'une pierre grife; dahs les intervalles
desquelles on trouve beaucoup de poiffons
& d’ autres corps marins & même des infectes.
Ce n’elt proprement, d it - i l, que leur
fquelette recouvert d’une peau brune; & il attribue
cette couleur à ce que nonfeulement ils
itoient morts lorsqu’ ils furent pris dans ces La-t
ves} mais presque cuits, ou plutôt tout à fait
cuits. Puis, comme j’ ai eu l’honneur de l’expliquer
à Vo t r e M a j e s t é , il fuppofe qu’ un
Lac s’étoit formé autrefois dans ce lieu-là, &
qu’une Montagne voifine, jetiant des matières
Volcaniques, l’a eomblé, comme le Lac Lucrin
le fut par la Montagne nouvelle. Mais il faut
suffi l’ entendre lui-même fur ce point.
„ S i donc nous concevons, dit-il, que fous
„ le lieu où eft aujoud’hui le Mont Bolca, il y
„ avoit un Lac d’eau de Mer femblable au Lac
„ Lucrin, & qu’une Montagne peu éloignée,
„ à l’exemple du Véfuve, ait étendu fes érup-
„ tions de pierres liquéfiées jusques dans le
„ Lac même ; nous comprendrons très bien,
„ que les poiffons ne pouvant fe garantir pi®
„ l a fuite, relièrent néceffairement enveloppés
„ dans cette matière pierreufe liquéfiée ; &
„ comme elle ne descendit pas dans le Lac
„ tout à la fois,mais par intervalles, il eft aifé
„ d e comprendre, comment il put fe former
„ des couches de couleur & de dureté diffé-
„ rentes, fuivant que la matière varioit en cou-
„ leur & en dencité; & comment les infortu-
„ nés poiffons fe trouvèrent pris fucceffivement
„ fous ces diverfes couches :. Comment encore
„ la matière fluide, en fe précipitant depuis
„ la pente de la Montagne, & courant légére-
„ ment fur la plaine inclinée, faifit acciden-
„ tellement des herbes, des infeétes ailés &
„ rampants, & les a confervés applatis dans fon
„ fein. Suppofons maintenant qu’ il foit arrivé
„ à cette matière pierreufe, comme à la Mon-
„ tagne nouvelle de Pouzzoles ; que les feux
„ fouterrains l’ aient pouffée en hauteur & en
„ a ie n t fait une Montagne ( i l - n ’ y a rien là
„ d’extraordinaire, puisque nous avons démon-
„ tré que telle a été l’origine de toutes les
„ Montagnes) nous aurons alors l’explication
„ entière du phénomène de ces çoiflons ren-
„ fermés dans les couches cki Mont Bolca, S’ il
„ fe trouve des poifions en d’autres lieux, mais
„ avec des circonftances différentes, je tiens