
parut à fa furface comme un petit banc de
fable. Ce fut le .premier qui y arriva, en
fuppofant qu’ il foit la plus haute fommité
de notre Globe. La Mer donc avoit à s'abais-
fer devant lui de 3220 Toifes. Pour s'abaiffer,
elle n’avoit d’ autre- moyen que de former nos
Continens. Et pour les former, elle n’avoit
d’autrè pouvoir que de jetter à chaque marée
du fable ou du gravier fur la plage ; & de s?a-
baider exaétement d’autant, qu’elle Tauroit fait
fi cette petite quantité avoit été enlevée fur
toute fa furface. C 'e ft-à -d ire , que quelque
tems qu’on lui accordât dans le paiTé pour
avoir opéré de cette manière, il n’auroit pu
en réfulter que des plaines, élevées à peine de
quelques Toifes au deflus de fon niveau.
Retournons nn moment au petit banc de fable,
qui devra être un jour le Çbimborazo par
un abaiiTement de 3220 Toifes dans le niveau
de la Mer. Donnons à la Mer un pouvoir
impoffible; lardons lui rejetter hors de fon fein
toute la maffe de nos Continens, afin qu’elle
puide s’abaiifer par ce retranchement de matière.
Qu'eft ce que cette maffe, en compa-
raifon d’une couche qu’ il faut imaginer, enlevée
à l’Océan primitif fur toute la furface de la
Terre, & qui auroit pour épaiflbur la hauteur du
Çbimborazo audedus du niveau aétuel des Mers?
Après avoir conûdéré l’énorme disproportion
de ces deux volumes, on a befoin de retour-r
ner en arrière pour favoir d c’eit bien l’état
de la queftion, tant on eft frappé alors de
fon incondftence. Cependant il n’ eft pas douteux
que ce ne foit là ce que fuppofç le fyftême.
Car d’ abord, fuivant l’Hÿpothèfe, la Mer couvroit
tout autrefois. Il eft évident enfuite, que le
point le plus élevé de nos terreins adtuels, eft
arrivé le premier à ce niveau primitif: que rien
n’a pu augmenter la hauteur abfolue de ce premier
fommet, dès qu’une fois il a été hors de
l’eau ; & que par conféquent, fon élévation audedus
du niveau aétuel de la Mer, doit provenir
toute entière de l’abaidement de celle - ci.
Suivant l’Hypothèfe encore, cet abaiiTement ré-
fulte de la fortie des matières terreftres hors du
fein des mers, & par conféquent * il doit être
proportionnel au volume de ces matières.
Voyons donc quel eft celui des Continens, &
comparons-le à cet efpace abandonné par l’eau,
& dont l’air a pris la place.
Nous n’ aurons pas befoin d’être précis dans
l’ eliimation du volume des Continens ; l’écart
eft te l, que le calcul le plus vague peut le faire
apperceYoir.