
leur formation par les eaux : mais je chcrchois
toujours à expliquer. Je retrouve les traces
de ces efforts dans mes anciennes notes; mais
j’y vois aufli que le doute croiffoit de plus
en plus; que les peut-être, les ne feroit-ce
point, fe multiplioient à mon grand regret, &
qu’il y avoit même des lacunes dans les hypo-
■s
thèfes, des chofes que je n’ expliquois point.
Ainfi tant que j’ai cru que ces Montagnes
étoient toutes l’ouvrage des eaux, j’ai été mal
à mon aife au milieu d’ elles. A chaque rocher
de nouvelle configuration, il falloit ajufter
quelque nouvelle pièce au fyftême: j’allois en
avant, mais je fouffrois de fentir que je bâ-
tiffois trop en l’air. Deforte qu’enfin ne pouvant
plus fcmtenir cet échafaudage,, je le lais-
fai crouler tout à coup. •
Ce fut une efpèce de Montagne très commune,
& que j'avois fouvent examinée, qui
deflilla mes yeux. La pierre qui lacompofe eft
de la clafTe appellée fcbifle : fon earaétère générique
eft d’étre feuilletée ; elle renferme Pardoife
dont on couvre les toits. Ces feuillets minces,
qu’on peut prendre pour des couches, & qui
le font en effet dans quelques pierres de ce
genre, rappelloient toujours l’ idée vague de
-dépôts des eaux. Mais il y a des maflès dont
la compofition eft plutôt par fibres que par
feuillets, & dont le moellon reffemble aux copeaux
de bois d’ un chantier, t e plus fouvent
aufli les feuillets font fi tués en toute forte de
fens dans une même Montagne, & quelquefois
même verticalement. Enfin il s’en trouve de
fi tortillés, qu’ il eft impoflible de les regarder
comme des dépôts de l’eau.
Ce fut donc cette eipèce de Montagne qui
me perfuada la première que toutes les Montagnes
n’avoient pas une même origine. Le
lieu où j’abjurai mon erreur, étoit un de ces
grands chantiers pétrifiés, qui, par la variété du
tortillement & des zig-zags des fibres du moellon
qui le compofoit, attira fingulièrement
mon attention. C’étoit un fort grand talus
qui venoit d’une lace eitarpée; j ’ y montai
pour m’approcher du rocher, & je remarquai
avec étonnement, des multitudes de paquets
enchevêtrés les uns dans les autres, fans ordre
ni direction fixe, les uns presqu’en rouleaux»
les autres en z ig - z â g ; & même ce qui, féparé
de la Montagne, eût pu être pris pour des
couches, fe trouv-oit incliné de toute .manière
dans cette même face de rocher. Non, me
d is - je alors à moi -même, non, Peau n’a pu
faire cette Montagne. . . . N i celle-là donc, ajou