
Mais c’ eft pour fortir des terreins de la Mer,
qu’on a fait ce fracas effroyable ! Et que deviendront
ces angles faillans rentrans, cette régularité
des inflexions des Vallées des A lp e s , qui
fit croire à Mr. Bouguer qu’ elles étoient dues
aux: dépôts des eaux.? Qu’eft-ce qui aura fait
dès lors, fur cent de leurs croupes, des Montagnes
fécond air es, formées régulièrement par
couches, & remplies de corps marins? C’ eft pour
expliquer ces couches qu’on a imaginé le fyftê-
me; ÿc l’on commence par . fortir de la Mer les
bafes fur lesquelles elles font moëleufement é-
tendues ! Ce iÿftême ne fauroit fe foutenir par
aucun point.
Et fi les Alpes & d’autres Montagnes primitives,
peuvent, par leur forme entrecoupée, aider
l’ imagination à concevoir des foulèvemens;
que fera-t-elle du Jura ; de cette chaîne presque
continue, où les couches formées par les
dépôts de la Mer fe prolongent en fuivant les
inflexions des fommets, fans crevaifes qui puis-
fent indiquer qu’elles foient compofées de di-
verfes pièces ? Je ne crois pas qu’ on puifle pen-
fer, que ces Montagnes-là font reliées fuspen-
dues fur des cavernes, en s’ engrenant & s’arc-
boutant fur les bords du fol d’où elles auroient
été détachées. Car comment concevoir, que
des bords fragiles puffent fupporter un tel
poids?
L ’hypothèfe qui favori fe le plus cette fuspen-
lion des Montagnes fur des cavernes, eft celle
qui place à une grande profondeur la force qui
les a foulevées; & je ne refufe pas plus de l’admettre,
que l’augmentation qu’il faut lui fup-
pofer, pour rompre la croûte à quelque épaifieür
que ce foit. Mais examinons la forme de la
pièce qui fe détachera. Si nous partons de l’effet
des Mines, nous verrons toujours, & par
la Théorie & par le fa it , que la pièce enlevée
eft plus étroite dans le fond qu’à la fur face.
L e fragment foulevé, retombe donc immédia-
ment. Si au contraire il étoit plus large dans le
bas que dans le haut, il ne pourroit fortir: &
c’eft pourtant ainfi que font toutes nos Montagnes.
Mais fuppofons encore, (contre da Méchani-
que & l’Hiftoire naturelle) que les côtés de la
pièce feront parallèles, c’ eft-à-dire qu’ elle aura
une même largeur en haut & en bas: imaginons
par exemple que ce foit un cylindre. Sa
première fraéture fera pourtant irrégulière ; il ne
fera pas formé auifi cylindriquement qu’ unpifton
qui fe meut dans une pompe. Afin donc, qu’ il
puifle être foulevé, & que fa /partie fupérieure
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