
M o r o ne confide'roit point phyfiquement
les phe'nomènes qu’ il prenoit pour te x te , il ne
les jugeoit que géométriquement. Ainfi celui
qui n’ emploieroit que le Quart-de-cercle pour
coftnoître les progrès de la Maifon qu’on bât
i t , & de l’Arbre qui c ro ît, verroit feulement
que l’un & l’autre s’ élèvent; & s’il s'en tenoit-
l à , il pourroit imaginer que l’un & l’autre fe
foulèvent. C’eftà peu près ce qu’ a fait M o r o .
Il paroît ne s’être arrêté qu’aux changemenS en
(hauteur dans les deux phénomènes qu’ il rapporte
; il n’ a point examiné la partie des
defcriptions qui indique les caufes ; quoique
ce foit toujours l’un des objets les plus impor-
• tans pour le Phyficien qui veut générali fer fes
obfervations. Il faudra donc faire eet examen.
Mais auparavant, je raflemblerai un plus grand
nombre de phénomènes du même genre; parce
que c’ eft le plus fûr moyen de ne pas fe
tromper fur leur marche.
Il s’agira donc de la formation des’ Montagnes
volcaniques-, l’une des ClafTes diftinétes d’éleVa-
tions qui fe trouvent à fa furface de nos Çon-
tinens & dans la Mer. Voilà des effets indubitables
du Feu-, & ce fera en les examinant,
que nous comprendrons comment cette caufe
a opéré.
Je poufrois m’appuyer du témoignage de divers
Naturaliftes ; car depuis quelques années
on a très bien décrit les phénomènes des- Volcans
qui brûlent encore. Mais c’ eft de plus
loin que j’ai réfléchi fur cet objet, d’après des
defcriptions qui avoient précédé pour moi
celles que je pourrois citer aujourd’hui. Elles
font de mon Frère , qui les écrivit il y a environ
vingt ans, durant un voyage qu’ il fit en
Italie, & dont j’ai déjà eu occafion de parler à
à V. M. Comme elles faifoient partie de
l’ouvrage de cosmologie dont nous nous occupions
dès ce tems l à , elles feront plus immédiatement
adaptées à mon fujet. Je vais
d’abord expofer à V. M. les conféquences que
je tirerai de ces phénomènes , afin qu’Elle
puiife y porter fon attention fous ce point
de vue.
L a manière dont fe forme une Mùntagne
volcanique eft toujours celle-ci. Il s’ouVre une
louche à feu dans quelque lieu bas, c’ eft-à-dire
au niveau du fol général.- Cette bouche vomit
une quantité de matières embrafées ; dont les
unes coulent en-Laves, 8c les autres, lancées
en l’a ir , retombent en forme de grêle. Ces
diverfes matières forment des accumulations
qui s’élèvent en cône, comme le terrein que