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d’ailleurs que la Terre, telle qu’elle e ft, eft
fort ancienne. Mais fi l’on peut prouver direc-
-tement qu’ elle ne l’eft pas; ces preuves immédiates
ne feront point contredites par l’hiftoire
des arts & des fciences. C’eft furquQi je ne
tarderai pas de revenir.
En m’arrêtant ici furies rêveries de Teîliamed,
qui peu à peu font devenues fi étranges qu’il
femble qu’ elles n’ auroient pas du trouver place
parmi des difcufiions férieufeS., je ne puis
m’ empêcher de rappeller à V. M. que toutes
ces rêveries ne viennent que de ce qu’ il a voulu
eflayer de prouver, ce que d’autres Philofophes
n’ont ofé placer d’abord que dans la claffe de
ce qu’on appelle les pofftbles. Il eft vrai
qu’ enfuite par habitude, ils l’ont gliffé dans la
clafie des vraifemblables , & qu’enfin ils l’ont admis
comme la vérité, fans jamais fonger à des
preuves. Cette gradation de déviation des règles
de la laine logique, eft l’effet d’une imagination
entraînée par l’efprit de fyftême. Le
paffage, de l’évaporation fuppofe'e de la Mer,
à l’admifiion de tout les contes de Gazettes
& d e toutes les Fables.de l’antiquité, en eft un
exemple ; & ce n’eft pas l’un des plus étonnans*
.11 ne fut jamais de bafe plus trompeufe dans
. 1*
la Philofophie que ces prétendu s pofftbles i &
elle le fera toujours, tant que ceux qui imagineront,
& ceux à qui ils expoférctnt. les fruits
de leur imagination, refteront dès hommes?
c’eft à dire des aveugles fur ce qui fe peut
& ce qui ne fe peut pas. Les faits même, qui
font nos guides les plus fûrs, notis conduiront
tout aufii mal que les Hypothèfes, fi nous nous
permettons de les lier enfemble par ce qui eit
pojftbilitè à nos yeux.
Mr. d e M a i l l e t me paroît avoir bâti
fon fyftême for pius de vérités de fait, & plus
de principes de phyfique reconnus, qu’aucun
de ceux qui, comme lui, fe font embarqués dans
la recherche d'une origine du Monde due uniquement
à des combinaiforis de la matière. Ce
qu’il a bien vu en Cosmographie, eft entré dans
notre provifisn de faits, ce qu’il a mal vu , détruit
par des faits, m’a conduit à les faire connoÎ-
tre à V. M. ; 8t Tes erreurs fur l’origine de ce
qui a vie, nous ont donné occafion d’apperée-
voir combien, fur ce point, l’Hiftoire naturelle
& la Phyfique font impuiffantés.
Ce fyftême eft, comme j’ai eu l’honrieUr de
le dire à V. M. le dernier que je me fuis p/a- •
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