
J’ai eu l’honneur d’expofer à V. M. les caufes
qui garantifîent de deftruâion extérieure les
terreins fur lesquels la pefanteur ne peut plus
agir que pour les cqnfolider. Mais ce n’eft pas
ainfi que font actuellement 'la . plupart de nos
Montagne^ ; il en eil peu qui foyent déjà parvenues
à cet étqt permanent. ‘ Tout roc nud
eft attaqué par l’air & les météores , & il
tend à fe détruire quelle que foit fa dureté. Mais
ce feroit peu que cette deftruCtion extérieure ;
elle pourroit même cefler enfin totalement
par l’effet feul des moujfes, s’il n’y avoir pas
des caufes plus puifîantes qui pendant quelque
tems, agiffent dans l’intérieur.
11 n’efi: presque point de rocher qui offre à
1 air une feule mafîe çompaCte ; il$ font ou,
crevaffés, ou formés par couches; & l’eau
s’infinue toujours dans ces fentes. Quand cette
eau viçnç à fe geler, elle agit comme un coin
pour écarter les pièces entre lesquelles elle fe
trouve. V. M. feroit étpnnée de la. grandeur
des maffes que cette, caufe pcu,t mouvoir : elle
agit exactement comme, la poudre à eanon
v dans les mines p détachant. toutes les pièces
extérieures qui commencent à fe, fépareç, &
f i l découvrant, ainfi de nouvelles. Chaque hiver
renouvelle donc 1$ furface de, certain^
rochers, ou facilite l’ ouvrage pour les hivers
fui vans.
PlufieUrs autres caufes agiffent encore pour fé-
parer les rochers déjà crevaffés qui fe trouvent à
Pextérieur des faces efcarpées. Le petit moellon
qui s’ y accumule'» les dépôts des pluies,
les plantes qui y croiffent, les alternatives de
l’humidité & de la féchereffe, les viciifitudes
de la chaleur, les vents même, font autant
de caufes continuellement agiffantes, quand là
pefanteur les fécondé. Les -rochers efcarpés
fc détruifent- donc par de continuels ébou-
lemens.
Mais toutes ces matières qui tombent, 11e
font pas perdues pour les Montagnes; il s’en
perd même bien peu^ Elljsifs’ arrêtent au pied des
rochers dont elles fonf fucceffivenient détachées
& là elles s’entaijent, s’élevant* en forme de
Tains contre ces1 rochers eux- mêmes.
Comjne c’eft par le moyen de ces Talus que
les MOntagnes feront certainement conf-rvéeS,
V. M. voudra bien me permettre d’entrer à
leur fujet dans, quelques détails. Je fuis obligé
de L u i expliquer leurs diverfes formations,
les révolutions qu’ ils fubiflent-tandis qu’ ils s’ac-
croiffent ; les périodes où ils fe fixent ; en un
mot leurs principaux effets-dans les Monta».
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