
ment l’ exiftence de la caufe imaginée; ou qui
lui appartiennent elfentiellement.
S’ il s’agit par exemple - d’expliquer une chofe
qui exifte, mais dont la caufe eft fi cachée,
qu'on ne fauroit même conttoître immédiatement
le tems qu’ elle a mjs à opérer, & qu’on
imagine une caufe lente; il faut, pour que, le
fyftême ait quelque vraifemblanee, montrer des
caraétères infaillibles de lenteur dans, l’effet: &
li l’on avançoit de plus, que, la caufe qui a
produit cet effet, continue d’opérer de ia même
manière ; il faudroit encore montrer quelque
effet particulier, qui indiquât fans équivoque
l’exiftence de la caufe. Sans cela, je le
répète, on n’a fait que défier notre ignorance
de découvrir l’erreur. J’aurai fouvent occafion
dans la fuite de faire , uiàge de cette : réflexion.
Le premier des fyftêmes que j’ai annoncés
à V. M.,, où, par une caufe lente, on entreprend
d’expliquer le changement de Niveau de la
Mer; eft fondé fur la fuppofition d’un déplar
cernent fucecffif de l’Axe de la Terre, qui;.fe-
roit changer la pofition de l’Equateur’, & , par
une fuite néceffaire, le Niveau des Mers-, en
certains endroits.
Je fuivrai à l’égard de ce fyftême la même
marche que pour les précédens; c’e f t -à -d ir e
que je ne m’ arrêterai ni aux opinions ni aux
expreiïïons d’aucun Auteur particulier. Je con-
lidérerai cet examen comme celui d’ une claffe
de fyftêmes, où l’on cherche dans les mouve-
niens de la Terre, une des caufes de la
forme de- fa furface. Iei l’Aftronomie fera,
liée avec la Phyfique, la Géographie & l’Histoire
Naturelle. C’eft de l’Aftronomie que
nous devons apprendre s’ il y a quelque
altération certaine dans les mouvemens
de la Terré'; c’eft par la Phyfique que nous
déterminerons les changemens qui devroient
arriver à fa furface enfuite de ces altérations;
la Géographie nous apprendra fi ces changemens
exiftent, en nous montrant la pofition
des Mers; & l’Hiftoire Naturelle nous le dira
par la nature & la forme des Montagnes.
C’eft donc là une occafion intérefiànte de
remarquer la grande connexion qu’ont en-
tr’ elles toutes les branches des Sciences, & quels
fecours elles peuvent fe prêter; mais furtout
nous y verrons quelle attention doit avoir te
Philofophe à ne s’ affermir dans aucune opinion
fur la Nature, avant que d’avoir examine'
tous les rapports, & de s’être affuré qu’il les