
que tous les cas généraux; & les détails dans
lesquels je vais entrer maintenant ont leurs
exemples tout autour de moi.
Depuis que je confidère les Montagnes fous
les divers points de yue dont j’ai Phonneur
^’entretenir V. M ., elles ne font plus à mes
yeux dès maffes informes & toutes femblablès;
j'y vois toujours ces cjivers ouvrages qui fe préparent
ou qui font finis. Chaque rocher, chaque
pente, eft pour moi un problème a réfpudre; &
pies règles fuffifent partout ; elles m’expliquent
Fétat préfent, me conduifent à prévoir cq
qui arrivera, pu dans peu, ou par la fuite des
fiècles.
Dans la partie des Alpes qui nous ayoifine,
celle qui borde le Laq devant nous & qui n’appartient
pas encore à la chaîne .la plus élevée,
les amphithéâtres de Talus font déjà arrivés
jusques vers le fommet. Quelques uns même
le forment déjà feuls ; on n’apperçoit plus aucune
trace des roçhers d’où leur eft venu lç
moellon qui les compofe. Auffi la végétation,
gagne-t-elle déjà leur pied. Ils n’auront pas des
arbres; ils font fitués dans une région trop élevée.
Les gazons même y -viendront .tard;
parce que la neige leur donne trop peu de re-
lâcjie; mais enfin ils les couvriront, un jour;
& ce fera pour les Chamois; ils feront trop hauts
& trop rapides pour les. hommes. Mais il
faut bien qu’il refte quelque coin pour ces aimables
animaux, qui même, comme tous
lés autres, viennent enfin nous fervir.
Je vois auffi çà & là fur ces mêmes Montagnes
des monceaux ifolés, pofés fur de larges
croupes & déjà garnis de bois. Ils étoient fû-
rement autrefois ce que font encore aujourd’hui
certains pics nuds, plus élevés qu’eux, &
dont ils font entremêlés. C-ux- c i , qui s’éboulent
encore, font environnés des talus formés
de leurs débris, & deviendront à leur
tour des monceaux comme les autres (a).
* Je vois encore de mon obfefvatoire l’ouvra-
(0), Les Montagnes qni embraffent l’extrémité orientale
du' Lac de Genève vers l’entrée du Rhône, font en effet
ton des lieux les plus remarquables, quant aux progrès
de l’arrondiffement des hauteurs efearpées & à leur
fertilifation, La plupart de ces Montagnes font encore
fort éloignées d’un état fixe; mais elles montrent dans
leurs détails tous les pas par lesquels elles y tendent;
& les grandes Vallées qui les féparent en cet endroit,
laifTant pénétrer la vue entr’e lle s , multiplient ces détails
avec une variété qu’an ne trouvé que rarement
quand on eft engagé dans ¡’intérieur de la chaîne.
La partie de ces Montagnes qui borde le Lac vis à
v is de Laufame eft furaontée de deux fommités très
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