
mept fubit des pluyes & de la fonte des neiges.
Les lits des Torrens, dans les tems ordinaires
, fervent aulïï à l’ écoulement pàifible des
fources, & deviennent alors des Ruijfeaux. Les
Rivières né charient plus dé pierres que dans
leurs plus grands débordeniens ; & alors même
elles labourent feulement leur fond, & pouffent
de proche en proche le gravier qui s’ y dépofe.
Par là quelquefois elles charient des matériaux
affez loin des Montagnes -, & on voit alors que
ce gravier a fait »beaucoup de chemin. Aux
embouchures des Torrens il n’eft presque que
Ample mo'ètton; fes angles font encore fort aigus,
puisque ce font les fragmens dès pierres»
qui fe brifent; mais quand les Rivîètes l’ont
roulé longtems, fes angles font tous arrondis.
Cettp nouvelle efpèce de rq/wj, formée par les
Torrtns, eft la plus fujette à des modifications.
La première & la plus générale, tien t de ce
que daps les grandes Vallées, ils repouffent
les Rivières contre le côté oppofé à celui ôù
ils fe forment, & caufent par' là deuX nouveHes
fortes de démolitions ; Fune qui a lieu dans les
talus piêmes,quand la Rivière fe déborde; l’ autre
que la Rivière occafionne dans la Montagne
çontre laquelle elle eft repouffé'e. Mais ici
4éià l’ induftrie humaine commence à modifier
I leurs efforts. Nous allons voir reparoître les
I habitans des Montagnes, disputant aux eaux
I leurs conquêtes, au fyftême que j’examine fon
I principe de deftruétion, & à quelques Philofo- I phes l’ aviliffement de l’efpèce humaine. Pour
I peu que les terreins foient précieux, on op-
pofe des digues aux Rivières; & l’ induftrie, le I courage & le labeur des hommes ne fe montre
if nulle part d’une maniéré plus intéreffante.
Éf Que font les pauvres Çajlors en çomparaifon !
I En lifant tant de jolies descriptions des tra- I vaux de cet intéreiïant animal, je me fuis rap-
| pelle cette réflexion du Lion de la Fable ;
„ A plus forte raifon aurions - nous le des-
„ fus, û nos Confrères favoient peindre! Non
! fans être un peu offenfé pour mes amis les
I Montagnards, que quelques uns de leurs
i confrères, d’ entre les naturaliftes & les compi-
f lateurs de Voyages, ne s’ intéreffent pas autant
I à peindre leurs travaux, que ceux dès Çajlors.
IF y a trop de modeftie à cela; fi c’eft mo-
deftie., Je ne fuis pas fi modefte qu’eux; &
après avoir décrit les travaux des Montagnards;
je me ferai gloire d’ être Homme.
Quoique l.es hommes retardent beaucoup les
effets des Torrens & des Rivières dans lés Montagnes,
ils ne font pas çn état de lçur réfiffer
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