
Le premier objet qui s’offre à notre confiée-
ration, eft un nouveau fyftème oû l’on explique
par les eaux, l’état prefent de notre Globe; ce
fera le dernier de ce genre que j’examinerai. Le
Livre qui le renrefme a pour titre T e l l ia m e d ,
ou Entretiens d’un Pbilofopbe Indien, fu r la dimi*
nution de la Mer, avec un Mijfionnaire François.
Ce fyftème eft très fingulier, & le Livre lui*
même l’ eft plus encore: c’eft peut-ê tre , après
celui de Pline, le plus étrange eompofé de vérités
& d’erreurs,de faits & de fables,que renferment
les fartes de l’Hiftoire naturelle. L ’Auteur
eft feu Mr d e M â i l l è t . Il fût nôm-
mé en 1692. Conful général pour la France en
Egypte, & il y féjourna 16 ans: il en paifa fix
dans la même qualité de Conful à Livourne,
d’ où il fut envoyé à la vifite des Echelles du
Levant, & vint finir fes jours à Marfeille.
Ce n’eft pasvpour faire le Biographe que je
viens de rapporter à V. M. ces circonftances
de la vie de M r. d e M a i l l e t ; mais feulement
pour L u i faire remarquer qu’il en palîa
la plus grande partie fur les bords "de la Mer
Méditerranée ; & que c’eft . en Egypte qu’il fît
le plus de féjour. L a , prenant la retraite de
la Mer occafionnée par les dépôts du N i l f
pour un abaiflement dans fon niveau, il inventa
le fyftème qui va nous occuper.
On ne feroit pas étonné, qu’ayant puiféprincipalement
fes idées dans une telle fource, fyn
fyftème général ne fût qu’un tiflù d’illufions;
Mais on a lieu de l’être, que malgré ce désavantage
, il ait rafiemblé tant de vérités importantes.
Perfonne d’abord n’avoit fi bien vu , que la
furface fèche actuelle de la Terre eft un fond
de Mer: & quoiqu’il ne la connût pas bien encore,
il l’a peinte par des traits qui mettent
.cette. première vérité hors de doute, ü l’on
prend en lui quelque confiance : mais il <y mêle
tànt d’erreurs, qu’à moins d’être très verfé
dans ces matières, ou l’on rejette les vérités
avec les erreurs, ou l’on fe trouve embaraiïé
partout.
Il a évité encore d’ autres défauts de plufieurs
fyftêmes plus renommés que le fien. Par exemp
le , il n’ a point fait promener la Mer dans
un même niveau, pour élever des Montagnes
jusqu’à deux ou trois mille toifes audes-
fus d’elle.- il n’a point imaginé qu’en creufant
fon Ut & le rétréciflant à proportion, elle eût
pû s’abbaiffer; il n’a point cru, que l’Equateur
pût fe promener fur la furface du Globe e.a
y