
un phénomène comnfun à tous les attériffe-
mens. Les débordemens, les hauflemens extraordinaires
des eaux en général, aidés des vents
qui élévent le fable, de la végétation qui le retient
& de fes dépôts qui s’y ajoutent, forment
Peu à peu des terreins qui ne font plus inondés
que dans des cas extraordinaires; cas dont les
hommes cherchent à fe garantir, dès que ces
terreins les tentent. Tel étoit le fol de Venift
lorsqu’ elle fut fondée & tel il eft encore au bout
de 12 fiècles: tandis que iooo ans, & bien
moins encore fuivant Telliamed, auroient du
affranchir ces Ifles de toute atteinte de la Mer,
en ajoutant 3 pieds à leur élévation primitive
au deffus de fa hauteur la plus grande. Il eft
donc évident que Telliamed a tort.;
Ce qui eft étonnant dans la marche de Mr,
D e M a i l l e t ; (toujours en confiderantla force
de fa perfuafion, & les vérités capitales qu’il
avoit reconnues) c’eft qu’ on y découvre de tems
en tems des chofes qui fembleroient tenir à la
rufe: dispofition qu’on a peine à concevoir
çhez un homme, qui t e paroit avoir d’autre
motif en cherchant à perfuader, que fa propre
perfuafion, & qui, f i l n’eut voulu que de la
réputation, eût dû fentir, que les vérités qu’il
avoit à annoncer, lui en procureroient bien plus
furement, quand il ne les mêleroit pas de chimères
& de fubtilités.
Les AtterriJJe'mens de?Egypte lui avoientfourni
les premières idées de fon fyftème ; & il les
ramène fans ceffe par une fuite de cette préocu-
pation. Cependant il fe doute bien que quelqu’un
pourroit lui oppofer que tout cela n’ eft
dû qu’aux limons du Nil ; & qu’il en eft de même
de tous ces terreins qui fe forment aux embouchures
des Rivières. Après donc avoir bâti
fur ces retraites de la Mer, qu’ il fait qu’on ne
lui conteftera pas, il retire tout doucement
l’échaffaudage ; efpérant qu’en faveür de ce qu’ il
le fait lui-même, on laiffera fubfifter le bâtiment
ians appui. „ Ces prolongations de terreins-,
„ dit il, (a ) aux voifinages des rivières, qui,
„ comme le N i l , la Loire, le Rhône & la Ga-
„ ronne voiturent beaucoup de fable a la
„ ont à la vérité quelque chofe d’ équivoque
„ pour fervir à prouver fa diminution. Ses
„ eaux, je le fa is , peuvent être éloignées de.
„ ces lieux par les matières que les rivières
y charient, fans qu’elle baijje de fuper-
iic ie ...” Excepté la tournure douteufe, je n’au-
rois rien pu dire de plus contre lui» Cela femble
(a) Ton. I. pag. «73»