
Je me. borné à ces matières pierreufes très
connues, pour caraCtérifer une clafle de Montagnes
décidément primordiales, qui ne doit
Purement point fon origine à la Mer, ni comme
travaillant dans fon fein à c-reufer, chàrier &
dépofer, ni d’aucune autre manière jusqu’ ici imaginée.
Cependant quoique je me fixe ici à ces
matières diftinCtes, pour éviter toute équivoque,
je n’ôte point décidément de cette même clafle >
les Montagnes Schijîeufes à Filons, ou ieulement
à feuillets extrêmement irréguliers & dans des
fituations où les eaux ne fauroient les avoir
ajoutés les uns aux autres. Je regarderai au
contraire ces Montagnes là comme primordiales
auffi, comparativement à celles qui portent des
marques d’une formation particulière; quoique
probablement elles foyent d’un autre ordre que
celles dont j’ ai parlé ci-deffus; ou que-du moins
on n’ ait pas droit de les leur affimiler entièrement.
Voilà donc en général une clafle de Montagnes
& de Collines, qu’il ne faut pas perdre de
vue quand on veut fabriquer nos Continens par
quelque caufe que ce foit; mais furtout par
les eaux de la Mer. La Mer a imprimé des
Caractères très diftinétifs à fon ouvrage; c ’ efi:
ce que V. M. aura occafion de voir dans les
détails que j’aurai l’honneur, de L u i préfenter
fur les Montagnes fecondaires marines, & en
général fur le travail vifible qu’a fait la Mer
dans nos Continens,,
, Mais avant de finir fur les Montagnes, primordiales
, il faut que .je revienne à ces angles
faillans & rentrons alternativement oppofés, qui,
lorsque Mr. B p u r g u e t les annonça, firent
un fi grand bruit parmi les Naturaliftes, qu’ on
ne douta plus que toutes les Montagnes ne
fuflent l’ ouvrage de la Mer. Voici, ce que
c’ eft -que ce • phénomène prétendu démonftra-
t i j
Lorsqu’on voyàge dans, les -Vallées, on va
ordinairement en tournoyant ; & quand un angle
faillant oblige à courber la route, on trou-
ve aflez fouvent un angle, rentrant qui lui fait
face, & la V a llée , conferve à peu près la même
largeur. Mr. B o u r g u e t ayant fait
cette remarque, & confidérant que les bords
oppofés d’une Rivière .qui ferpente, offrent la
même oppofition des angles faillans & rentrans,
en conclut en général, que les Montagnes
avpient été formées par les. courans de
la Mer.
Si , toutes les-Montagnes, & les Alpes par
exemple, avoient tous les autres cara&ères