
eonfervent à Pabri du Soleil, & font alors autant
de petites bouches qui pompent les fucs,
.que l’a ir , les pluies & les rofées y dépofent,
Ces premières plantes font foibles, quelque
fois même elles ne parviennent pas à leur perfection
: mais elles ont contribue' à fixer la
terre végétable. En féchant & fe de'compofant,
elles fe transforment en cette terre, qui tombe
au fond de la moufle, & qui prépare ainfi de
Ja nourriture pour de nouvelles plantes, qui
alors prospèrent & fructifient.
Nous connoiffons peu encore ce que c’eit
que cette terre végétable, ce de'pôt des pluies
ou en général de Pair. Cependant, en raflem-
blant les phénomènes, on peut conjecturer,
que la plupart des corps terreitres font fus-
ceptibles d’ê tre , change's en cette fubftance,
& qu’ il ne s’agit pour cette transformation
que de les décompofer. J’entends par là une
telle divifion de leurs parties, que devenant
presque des élémens, elles puifient être intimement
mêlées à l’ e a u ,& pompées avec elle
par les tuyaux capillaires des plantes. En un
m o t, il femble fuffifant, qu’une matière puiïïe
entrer en circulation dans les végétaux, pour
qu’ elle ferve à en développer le tiffu, & qu’elle
y prenne la figure & les qualités que chacun
de ces laboratoires eft propre à produire.
Nous pouvons accélérer- de bien des manières
la transformation des matières terrestres
en terre végétable. La fermentation , la^
calcination, une plus grande expofition à 1 air,
différens mélanges, rendent propres à la végétation,
des matières qui ne l’ étoient par elles-
mêmes: voilà ce que peuvent nos foins. Mais
l’air travaille fans ceffe & en mille manières.
Son fimple frottement fur tous les corps, en
enlève des particules fi atténuées, que nous ne
les reconnoiffons plus. La pouflière de nos appartenions
en eft peut-être un exemple. De
quelque nature que foicnt les corps dont elle
fe détache, c’eft une poudre grisâtre qui femble
être partout la même. L à formation de la
terre végétable a probablement quelque rapport à
celle -là. Toute la furface de la Terre, les
rocs les plus durs, les fables & les graviers
les plus arides, les métaux même, éprouvent
l’aCtioh rongeante de' l’air; & leurs particules
atténuées, décompofées, recompofées de mille
manières, font probablement la fource principale
de la végétation. L?air lui - même, ainfi
que /’ eau , ' s’y combinent: beaucoup d’obfer-
yations & d’ expériences nous prouvent, que