
horizontal , il en réfulte un autre effet
qui a fouvent des confe'quences terribles. Le
fond de ces Vallées eft toujours occupé par
une Rivière plus ou moins confidérable, dont
le cours fe trouve alors fuspendu. fl faut donc
qu’elle s’ élève pour furmonter ce nouvel ob~
ftacle; & par là elle s’ étend & recule très
loin, inondant fes bords où fe trouvent quelquefois
des Villages. On fe hâte quand on
le peut de lui creufer un écoulement au travers
des décombres. Mais comme de tels accidens
n’ arrivent que dans des tems très pluvieux,
les eaux font fort groffes alors, ’ les déborde-
mens prompts, le travail à la fois dangereux
& pénible ; & la réfignation eft fouvent le feul
remède. Grâces à leur peu de befoins, les
Montagnards fe réfignent bien plus plus aifé-
iment que nous. Ils font d’ailleurs accoutumés
à croire tout bonnement que la volonté de
Dieu s’ exerce dans ces fléaux momentanés,
ils favent fe confoler, en portant leurs regards
fur tant d’autres biens qu’ il leur conferve. Si
le mal eft irréparable pour la génération préfente,
ils abandonnent la place, & vont
s’établir ailleurs; il leur refte des bras; c’cft-à-
dire leur vraie richeffe. La terre offre par
tout de la fubfiftance, à ceux qui peuvent &
f#
[Veulent la cultiver. Mais pour peu qu’ il y ait
[de remède, la caufe du mal n’a pas plutôt ceffé *
■qu’ on fe met en devoir d’en réparer les effets.
■Si les travaux ne font que pénibles, ces bon-*
nés gens ne Cherchent de fecours que dans
leurs bras & ceux de leuFS voifins. Mais s’ il
faut plus d’ intelligende & de reffourees ; la
Province les aide de fes ingénieurs & de
fes maçons : on étançonne, on bâtit des murs
pour foutenir les terres, on perce la fatale
digue, & le Lac accidentel s’écoule,
i La Maurienne, cette intéreffante Vallée de la
mSavoie, me fournit encore l’ exemple d’une ca-
taftrophe de cette efpèce. Peu d’années avant
que le Torrent d?Aiguë-belle eût entraîné dans
fon lit le Talus dont je viens de parler à V. M.
Pabondance des eaux en fit ébouler un autre
fur la même rive droite de PArc y entre le
Bourg de St. André & celui de St. Michel. Le
cours de la Rivière fut fuspendu, & un Ha*
Ipneau qui étoit fur fes bords au deffus de Pava*
$fancbe, lut fubmergé. Une perfonne de ma con*
||hoiffanee qui paffoit alors dans cette Vallée y
» fu t fort étonnée de voir la Rivière presque ta»
B r ie , dans un tems où elle devoit au contraire
i l être fort enflée. Il trouva bientôt des gens
■gui lui dirent que cela annonçoit quelque grand
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