
l’Univers en tendant les uns vers les autres:
N e w t o n a dévoilé ces loix d’une manière
fi fimple & fi lumineufe, qu’elle a entraîné
tous les vrais favans. Mais furquoi ne contestera
pas l’Homme? De nos jours même,
N e w t o n a eu des contradicteurs fur ce point.
On les laiffoit argumenter, & aucun homme
grave ne fongeoit à leur répondre, lorsqu’au
Mois de Juin 1769, parut dans le Journal des
beaux arts & des fciences, que faifoit alors Mr.
l’Abbé A u b e r t , une Lettre qui lui étoit ad-
dreirée de Saimens en Faucigny, fignée Jean
Couhaud, ancien Profejfeur de Phyfique à Tu*
rin ; Lettre qui fembla nous replonger dans le
doute fur cette matière.
Ce Jean Couhaud déclare qu’il avoit été,
comme les grands Phyficiens du fiècle, l’admirateur
de la Théorie de N e w t o n ; mais qu’il
avoit regretté avec eux, que des expériences
immédiates ne l’ eufîent pas encore confirmée fur
la Terre, où, fuivant cette Théorie, les corps
tombent, par la même caufe qui retient les
Planètes dans leurs orbites. Il remarque enfuite
avec raifon , que la hauteur de quelques montagnes
faifoit une partie affez fenfible du rayon
de la Terre, pour qu’on pût trouver quelque
moyen d’obferver entre leur pied & leur foim
met, une différence dans la pefanteur; d’autant
I plus qui fuivant . ces Loix découvertes par
I NeWt o n , la pefanteur devoit même décroître
plus rapidement que les diftances au centre
delà Terre; puisque cette diminution étoit pro-
portionelle aux quarrés de ces diftances.
Jean Couhaud, après avoir cultivé longtems
par état les Mathématiques & la Phyfique à
Turin, en faifoit depuis dix ans l’ objet de fes
récréations dans fa retraite au pied des Alpes,
lorsqu’ il lui vint dans l’efprit de profiter d’une
fituation fi favorable, pour tenter ce qu’ il defi-
jroit avec tous les Phyficiens. Les expériences
j du pendule lui parurent les plus propres à ce
but; car le pendule fe meut par les mêmes cau-
fes combinées qui font circuler les Planètes; &
quand la pefanteur, qui eft une de ces caufes,
eit plus grande , il doit fe mouvoir plus
Ivîte, Ainfi, quand deux pendules marchent
■d’un pas égal au pied d’une montagne, fi l’on
jen porte une au fommet,elle devra retarder re~ ,
lativement à l’autre. Jean Coultaud ne doutoit
ipoint que cela ne fût ainfi; mais il fe faifoit
Jun plaifir d’en trouver la confirmation dans
l’expérience, & de déterminer la quantité de
3 çette diminution.
I Pour cçt effet il acheta, d i t - i l , d’un de}
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