
je me fais un plaifir d’écouter leur langage
& de le rendre du mieux que je puis.
Après avoir expliqué ainfi plus particulièrement
a V. M. le plan que je me propofe de
fuivre, je vais L u i retracer les faits bien certains
que nous a déjà fourni l’étude fimple de
la Nature, pour découvrir fur quelques points,
l’Hiftoire paffée & future des Montagnes.
Les rochers efcarpés s’éboulent. Les matières
qui s’en détachent fe raifemblent en plus
grande partie à leur pied en formé de Talus.
Les Torrens entraînent avec eux le relie de
ces matières; mais ils en de'pofent encore la
plus grande partie au bas des Montagnes, avant
même qu’ils foient entrés dans les Rivières.
•Tant que celles ci font fujettes à de grands
débordemens, elles pouffent le gravier devant
elles jusques hors des Montagnes, & même à
une affez grande diftanee. Mais lorsque les
Montagnes fe font affez abaiffées pour que les
débordemens ne foient plus fi grands ni la
quantité de moellon fi confidérable, les Rivières
ne font plus que labourer leur ancien
gravier. Alors on peut entreprendre de les
contenir dans un Ut fixe. Voilà le réfumé des
principaux faits, quant à la démolition & au
¿ranfpQrt des matériaux.
Dès que les Rochers ceffent de s’ébouler fur
leurs Talus, & les Torrens de répandre de nouveau
moellon fur leurs cônes, la végétation s*en
empare ; & fa préfence, en augmentant la première
fiabilité du terrein, la prouve immédiatement
à nos yeux. C’ eft auffi fur e lle 'feu le ,
fans le fecours des hommes, que je fonde enfin
la durée des Montagnes.
Tout le fyftême fe réduit donc à ceci, L’a-
douciffement des pentes arrête d’abord l’ effet
de ces deux grandes caufes de deftruétion des
Montagnes, la Pefanteur & les Eaux : la végétation
enfuite, arrête l’effet de toutes les petites
caufes..
Si tel étoit déjà l'état des Montagnes, que
toutes les parties efearpées fe fuffent réduites
à des Talus, que tous les Torrens fe fuffent as-
furé des lits auxquels ces talus vinffent aboutir
fans en faire partie, que toutes ces pentes douces
fuffent couvertes de mouffes de gazons ou
de bois, qu’e ft-c e qui pourrait les détruire?.
Seroit-ce l’eau encore ? Mais l’eau, devenue
moins abondante par la diminution de la hauteur
des Montagnes, pompée en grande partie
parles plantes, & ballottée pour ainfi dire par
l ’alternative des rofées & de l’évaporation, ne
descendrait plus des hauteurs dans les Rivières
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