
Continent foient prêtes à fe découvrir par l’évaporation
de la Mer, Je dis que s’il s’y forme
de petites Mers ifgleés, elle ne fe deflècheront
p o in t, tant qu’il fubfiftera un océan. Car l’ifo-
lement fuppofe que l’eau ne pourra s’ écouler par
nul endroit ; & alors l'eau des pluies y compenfe-
ra l’évaporation. Ces enfoncemens deviendront
ainfi des Mers, 'de la nature de la Mer
Caspienne ; & les animaux qui y vivoient, continueront
à y vivre. A moins cependant que les
eaux ne trouvaffent des pairages pour fe filtrer
dans le terrein: mais alors on verroit aulfi les
eaux des pluies continuer à.s’y filtrer, & ce fe-
voit des cas particuliers aifés à reconnoître. Si
au contraire le fond de Mer dont il s’agit, continue
à conferver fa communication avec l’Océan
jusqu’ à fon deflecbement total; les animaux
marins, dans cette marche prodigieufement lente
, auront le tems de fuivre l’eau, & de s’accoutumer
peu à peu aux nuances de changement
que cette transmigration occafionera.
Sans doute que Teîliamed, à qui nous verrons
fuppofer dans la fuite, que par degrés les animaux
marins font devenus des animaux terreftres, ne
conteftera pas la poflibidté de leur transmigration
d’ un fond à un autre dans la Mer même.
Il veut parler de tout, afin de paraître paref
à tout; auiïï fait - il mention des Cornes
d'Amman. Mais il pafie bien vite fur cet objet,
& laifie imaginer que fon explication eft
fuififante.
Il fe garde bien de dire que cette race dés'
Cornes d’Ammon couvrait autrefois presque toute
l’étendue du fond de Met qui fait aujourd’hui
jnotre Continent; qu’on ne la trouve pas moins
dans les Montagnes qui bordent encore aujour*
d’hui les côtes, que dans celles qui font le plus
avant dans les terres ; qu’ainfi, à l’égard de ce
mquillage, le defîéchement de quelque Mer par-
meulière ne dit abfolument rien. Ce n’eff point'
mon plus une explication que de dire, que quelques
coquilles s’enfoncent dans la vafe, & y
■vivent & meurent fans venir jamais fur les bords ?
■car la Corne d%Ammon ne fauroit être de ce-
Jgenre, Elle appartient à la clafie des Nautiles
■qui peuvent fe rendre légers à volonté, & ve-
Inir jusqu’à la furface de l’ eau. Et quand ce ne!
■ferait pas là fon allure, la coquille de l’animal
■mort, eft fi légère, & fon volume, qui va jus-*
Iqu’à plufieurs pieds de diamètre, donne tant de-
Iprife aux vagues & aux courans, qu’il 'n’eft-
■presque pas poflible d’ imaginer qu’ elles puflenb
■encore fubfifter autour de nous, dans la moih-$
[dre proportion avec la quantité qui exiftoit aity
s