
ques de cette fabrication, il eft raifonnable de
l’admettre. Voyons donc quels indices elles
peuvent nous fournir.
Le premier & le principal de ces indices
fera de trouver dans leur fein des coquillages,
des poiffons ou d’autres productions des eaux.
Pour que la matière des Montagnes aît pu em-
braffer ces corps-là, il a fallu qu’elle fût molle.
& puisqu’ ils appartiennent à l'eau, il eft
naturel d’en conclure que c’ eft elle qui ramol-
lifioit. autrefois la matière, dure aujourd’h u i,
qui les renferme. 'A v e c ce premier indice il
n’eft pas befoin de s’enquérir de la forme des
Montagnes : car elle pourroit avoir changé ; &
c ’ eft même ce qu’ il faudroit conclure, quand
elle ne s’ accorderoit pas avec lüdée que nous
pouvons nous faire de la manière donc l’ eau
forme des dépôts.
Le fécond indice au contraire fera la forme♦
L ’eau fa i t , ordinairement fes dépôts par couches
& s’ il y a des fuspënfions, ou des dépôts dif-r
féçfns, ces couches s’apperçoivent. Si donc une
Montagne eft compafée de couches pofées dans
la fituation où les eaux peuvent les faire ( c ’eitr
àrdire horizontales ou médiocrement inclinées)
il y aura une grande préfomption que q’eft
l’eau qui l’ a faite, lors même qu’ elle ne contient
pas des eorps marins. Et cette préfomption
deviendra certitude, fi ces couches eri
recouvrent d’autres qui renferment des corps
aquatiques. Je ne connois point d’autre caractère
d’après lequel on foit autorifé à con-,
clure qu’une certaine Montagne a été formée
par les eaux. Car de ce que certaines Montagnes
montreroient cette origine, il ne s’ enfuivroit
pas qu’elles l’ëuiTent toutes, dès qu’elles ne fe
reflembleroient pas.
L e premier de ces caractères fut celui qui
nous éclaira le plus tard; par la difficulté que
nous trouvions à déterminer toujours fi une
Montagne renfermoit ou ne renfermoit pas des
corps marins; & par cette antre idée fort naturelle,
c’eft que certains fonds de Mer ne
tentent point les animaux marins à s’y établir*
& que parconféquent il pouvoit y avoir des
dépôts de l’ ancienne Mer qui ne contînifent
pas des dépouilles de ces animaux. Ce fut
donc la forme de certaines Montagnes, qui nous
fit d’abord douter qu’ elles duffent toutes leur
origine à la Mer.
Comme j’ai fouvent parcouru les Alpes,
épiant fans cefle tout ce qui pourroit m’ éclai-
rer fur leur origine, j’étois fouvent frappé de
phénomènes qui contredifoient le fyftême de