
haute des Montagnes de notre Hémisphère, le
Mont - blanc ; fon nom feul nous l’annonce: il
eft recouvert d'une croûte de glace, depuis fon
pied, dans la Vallée fur laquelle il repofe, jusqu’à
fon fommet. Certainement cette Montagne
là ne fe détruit pas, au contraire elle s’élève.
On a fait dans ce P a y s -c i une remarque
intéreffante, qui contribuera probablement
à conftater les gradations de cet accroiffement.
Le fommet de cette Montagne fe découvre de
quelques maifons de Laufanne y d’oû l’on prétend
qu’ autrefois on ne le voyoit pas ; il fe
montre au - deffus d'une Montagne aflez diftan-
t e , comme la pleine Lune au moment de fon
lever ; il lui reffemble même extrêmement vers
le foir quand l’air eft ferein, lorsqu’ après que
toutes les Montagnes antérieures font paffées
dans l’ombre, le foleil le dore encore.
Gn poûrroit attribuer cette augmentation apparente
de hauteur du Mont- bîanc, à l’abaiffe-
ment de la Montagne au - deffus de laquelle
on le voit s’élever ; elle pourroit y contribuer
du moins, fi ion fommet s'éboule encore, ce
que je n’ai pas éclairci. Mais enfin, l’angle
d’élévation de l’une & de l’autre pris dans un
lieu bien déterminé, pourroit fervir à conftater
dans la fuite les variations refpeétives
[des deux Montagnes: & je ne doute pas que
Quelqu’un n’y penfe. On pourrojt faire eii
Imême tems des obfervàtions fur les variations
Ides réfraétions terreftres, qui augmenteroierit
l ’intérêt. .
Mais nous n’avons pas befoin d’attendre Ces
obfervàtions pour décider que lè Mont - bla,rii~
;fe confervera. J’avois l’honneur de le dire
l’année dernière à V, M. en L u i parlant de
tes Montagnes glacées : de Cela feul qu’elles le
font, il en réfulte à l’oe il, que l’accumulation
des Hivers l’ emporte fur la, fonte des Etés.
Et comme il n’ y a âucufle raifon de croire
[que l’èfFet total des années futures foit différent
[de celui des années précédentes, on ne peut
douter que ces Montagnes ne Continuent à
« s ’ accroître. Or presque toutes les hauteurs dé
la haute chaîne des Alpes font dans Ce mêmé
cas. Nous avons donc là un étabiifièment de
hautes Montagnes à toujours pour notre Hémisphère,
& par elles nous conferverons les
pqureés de nos plus grands fleuves: celles là
fûrement ne tariront point.
, 1 *'
Dans la prochaine Lettre que j’ aurâi l’ho'n-*
,neur d’écrire à V o t r e M a j e s t é , je retiendrai
aux Montagnes qui font plus entiéü
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