
un vûide quand il arrive au haut de fa vigne :
hiais il trouve tout prêt le terrein que/ion Voifin
fupérieura rejette' en portant aufli fon premier
coup de bêche; comptant à fon tour itir ce que
le fuivant lui donnerà. Ils comptent donc ainfi
les uns fur les autres, jusqu’au poflefleur le
plus élevé, qui a déjà reçu fon abreuvage de la
Montagne dans le courant de l’année.
Mais enfin la Montagne ceflera de fournir ;
elle a même déjà ceflé avants que la culture
commence fi c’eft un grand talus fixé que -l’on
a mis en valeur. Alors chaque poflefieur, qui
n’a plus rien de trop puisqu’ il n’ a plus rien
à attendre, & qui perdroit s’il fofloyoit fans
précaution ; qui perdroit fur-tout ce qu’ il a
de plus précieux , fon terreau , 1 c’eft- à - dire
fon mbëllôn fertilifé; fe détermine à une nouvelle
peine annuelle qui le garantit de cette
perte. Il s’enferme chez lui par de petits
murs, qui marquent le terrein qui lui appartient,
& il n’én laifle rien échapper! Chaque
année fon premier foin eil de porter vefs le
haut la petite portion de terrein que la culture
avoit entraîné vefs le bas l’année précédente.
C’eil le travail de l’Hiver; il s'échauffe
falutairemerit & oeconomiquement, lui, fa Femme
& fes Enfans en e'tat de porter des charges,
ges. Les vieillards relient dans le bas pouf
remplir les paniers ; le relie de la faftiille monte
& defcend fans-celle, à pas lent mais fou*
tenu; & avant que la culture de l’année commence,
la dégradation de l’année précédente
ell déjà réparée.
Mais les éaux qui circulent dans ce terrein
toujours remué, n’ en entraîneront - elles pas la
partie la plus menue ? Pas tant qu’on le croi-
roit. Les plantes que l’ on entretient par cette
culture, tant celles qui font le but des cultivateurs,
que toutes celles que la Nature produit
malgré eux pour tant d’autres êtres qu’elle tient
fous fa proteétion immédiate, arrêtent & pompent
l’eau, rendent fon cours plus lent, & retiennent
le terrein : ainfi déjà la perte ne fau-
roit être fort grande. Cependant le cultivateur
ne néglige point Ce qui peut encore s’échapper
: il creufe des fofles pour recevoir led
eaux par-tout où elles fe dirigent; ou plutôt
i f les dirige lui-même où il trouve convenable ;
& ralentiflant ainfi leur cours, il les force à
dépofer tout ce qu’eiles avoient enlevé de fon
terrein. C’eil aufli un de fes travaux tandis
que la végétation fe repofe ; il recreufe fes fos-
fés, & le terreau qu’il en tire, mêlé des plantes
qu’ il nourrifloit & des feuilles que lcd
Terne II. IV. Partie. H