
faits eux-mêmes ont difparu quelquefois -, &
quand ils ont été réels, ils ne fe font trouvés
çjue des phénomènes particuliers.
Cependant il y aurait à la rigueur une autre
manière de concevoir les révolutions lentes.
Abandonnant les preuves’ immédiates de pror
grès; ne cherchant plus à en trouver des traces
dans la mémoire des hommes ; on pourroit,
en allongeant fans bornes le tems ; imaginer
que les eaux ont découvert fi infenf hlement la
te r re , que toute la chronologie certaine n’a
rien pu confacrer qui nous le faffe apperce-
voir: ou fuppgfer même, que l’opération lente
s’ eft faite avant tous les inonumens chronologiques,
& qu’elle a ceffé depuis lors: telle-
ment que dans l’ un èç l’autre cas, abandonnant
toutes ces marques de progrès , incertaines,
équivoques, pu chimériques, on fe contenterait
de fup.pofer que ce changement s’eft fait
autrefois. On pouvoir dis-je imaginer, qu’en
abandonnant ainfi les preuves do fait, on no.us
mettrait dans l’irapofllbilite de montrer l’erreur
de l’hypothèfe.
Mais il refte une antre pierre de touche., fur
laquelle j’ai déjà infifté, & que les Philofophes
yui fe font occupés de cet obje t, devraient
ayolr eux-mêmes employée, JLa fait, deux
efpèces dé , travaux totalement différens; l’un
s’exécute dans fon fon d , l’autre fur fes bords*
Ce dernier travail confifte partout, à pouffer
de l’intérieur, à l’extérieur les matières mobiles.
Car quel que foit le vent; qu’ il fouffle même
de la. te r re ,,d è s qu’ il y a des vaguep, elles
roulent vers le bord : & le f lu x , cette caufe
journalière ,, pouffe très fouvent devant lui
des matières, que le reflux ne ramène point.
Ainfi, par l’une & l’ autre de ces deux caufes,
toujours agiffantes, i f fe fait fur tous les bords
pù il n’y a pas des çourans, un talus qui s’ accroît,.
jusqu’ à ce qu’une certaine pente, com-
penfe la djfférençe de force de l’ eau qui fp
porte vers le bord à celle qui retourne vers
la Mer.
Si l’eau de la Mer s’ eft retirée lentement dp
deffus les terres , avec quelque lenteur que ce
foif, ces talus o.nt du fe prolonger. Et ft la
Mer a découvert la terre partout; partout auifi
ces talus doivent en être la preuve :, pu fi elle
s’ eft abaiffée de quelque côté pour s’élever
d’un autre,, ils doivent marquer le côté qui a
été fuccefliyernent découvert,
, Ce travail de la Mer fur fes bords , aura
donc le caraétère général, d’une pente affez
régi\here vers la nouvelle plage. Ses l i t s fe-
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