
gnes: parce que c’eft fous cette forme, fuivant
le cours naturel des chofes, que feront enfin
transformées toutes celles qui s’ éboulent encore
aujourd’hui.
Je vais d’ abord envifager un de ces Talus
dans fa formation la plus fimple, & en fup-
pofant pour un moment, que. dès qu’ il aura
pris une affiette fixe, aucune caufe d’éboulement
ne viendra plus l’attaquer. Son premier effet
confervateur à l’égard de la Montagne qui le
forme, eft de mettre à l’abri de toute deftruc-
tion ultérieure la partie contre laquelle il
s’ élève.- car parla toutes les caufesdeftruêtrices
ceffent abfolument; rien ne peut plus attaquer
la partie couverte. Il faudrait que le Talus
lui-même fût détruit, pour que Cette partie
là , foit rocher, foit terrein quelconque, fût
de nouveau attaquée. La pefanteur en un mot,
pi aucune des influences de l’air n’y peuvent
plus rien. C’ eft à l’ extérieur feulement que ces
caufes agiffent ; & ces parties de la Montagne
font devenues intérieures. Nous ne devons
donc plus nous mettre en peine que des
Talus.
L e fort de cette efpèce de Fortification des
Montagnes , pendant le tems même où elle
fe forme, dépend beaucoup de la nature des
rochers, ou en général, des terreins qui déboulent.
Je fuppoferai d’abord, que les éboulemens
font fréquents ¡| qu’à chaque pluie par exemple,
& furtout à Chaque dégel, il tombe allez
de nouveaux décombres fur le Talus, pour y
recouvrir tout commencement de, végétation.
Il refte ftérile alors pendant bien des années ,
ou bien dés f i è c le s c ’eft-à-dire jusqu’à ce que
les fochers fupérieurs fe foyent «entièrement
éboulés ; ou que du moins les éboulemens ne foyent
plus aflez confidérables pour l’emporter. fur
la végétation. Mais à ce moment, ou la végétation
l’emporte fur les éboulemens de toute
efpèce, arrive enfin : & la Nature qui
pe dort po in t, a bientôt profité du tems que
les rochers fupérièufs lui laiflent, pour couvrir
le Talus, de moufles, de gazons & de bois.
C ’ ëft dans la partie inférieure des Talus que
la végétation commence pour l’ordinaire.; parce
que c’ eft cette partie qui eft le plutôt, fixée.
Tant que les rochers font fort élevés au dciïiis
des Talus, le moellon en tombant.de haut, acquiert
une grande vîteffe :. il bondit d’abord
fur le Talus qui le reçoit, & gagne le bas
avec rapidité,'; roulant encorje fur le terrein
plat , qui enfin l’arrête. Si donc cette bafe a
de la place pour s’étendre, elle s’ étend fùre