
Mais fi l’ on fe contentoit de cela, il en arriverait
fort peu dans les baffes Vallées; il fe ras-
fembleroit par monceaux en certains lieux; où
il obftrueroit le paffage du refte, & enfin'-de
l’eau même. Il faut donc encore débarraffer
Je lit des Torrens, & les contenir dans ce Ut,
Pour cet effet il faut foutenir les bords, .faire
des digues, en un mot empêcher le Torrent
de changer d’état. Voilà donc un nouveau
motif, toujours préfent & preffant pour l’Homme
, d’empêcher les Torrens de détruire; &;
c ’eft parconféquent une nouvelle caufe toujours
agiffante , pour la confervation de bien des
Montagnes.
J’ai commencé, M a d a m e , par les Torrens,
en expliquant à V. M. l’empire que les hom-;
mes exercent fur les Montagnes, afin de L u i
montrer d’abord, que quoique,dans l’état actuel
des chofes ces eaux rapides les attaquent
encore en beaucoup d’endroits, leur effet eft
bien moindre en lui-même qu’on, ne penfe,
& qu’il eft bien diminué par les travaux des
hommes.
Mais les lits des Torrens font hien peu
,de çhofe dans la vafte étendue du pied
des Montagnes, où, je le répète, tout doit
paffer avant que de s’enfuir; 8ç par-tout ailleurs
l’ eau descend en raiffeaux, dont aucun
n’ eft ignoré des hommes. Ils les attendent au
pairage, ils fe les partagent, & fouvent même
fe les disputent. Chacun enfin ayant reçu fa
portion, la diftribue fur fon terrein, & l’y di-
vife en petits canaux, pour la faire paffer fur
fes prairies , dans fes vergers ou fes jardins.
Le mineur ne prend pas plus de foin à faire
dépofer par fes lavages le minerai qu’il a mis
en poudre fous fes bocards, que l’agriculteur
n’en prend à conferver le limon du ruiffeati qui
lui eft échu en partage. Ce ruiffeau fe dépouille
donc en partie dans fon terrein; & il
le laiffe échapper à regret, ou pour fon voi-
fm, ou dans quelque lit commun, qu’on a
pris foin d’affurer pour qu’ il n’occupe pas
trop de place. Ces raiffeaux traverfent quelquefois
les ; grands chemins & les dégradent :
mais lors que cela eft parvenu au point d’ incommoder,
on va bientôt reprendre dans la
Rivière voifine les gros matériaux le gravier
ou le fable que les raiffeaux y ont transporté;
& ce n’eft ainfi que la plus menue
pouifière qui nous échappe, c’e ft-à-d ire celle
qui par fa ténuité refte fuspendue dans l’eau
des Fleuves.
Mais avant d’aller plus lo in, il me femble