
font domptes, ou rejette's dans des lieux où
ils ne fauroient nuire. A, la moindre allarme
tout eft fur pied; le tocfin fonne dans toutes
les paroifles contre l’ennemi commun. Le tems
& la faifon le defignent ; on ne fort point avec
des armes à . feu. Mais chacun fe faifit de fa
perche, de fa bêche, ou de fa hache. On va
couper les branches des arbres qui s’arrêtent,-
contre les ponts, afin qu’ils paffent fans les
renverfer: fi l’eau tend à s’ouvrir un paffage
qui offre une décharge utile, on creufe le ter-
rein pour l’aider: fi au contraire elle menace
de fe jetter fur les terres cultivées, on lui op-
poie tout ce qui s’offre fous la main; hommes,
femmes, enfans, tout travaille. Des paniers
pleins de pierres, font les gabions qu’on op-
pofe à la fureur de l’ennemi; des branches
d’arbres entrelaffées les lient; les plus forts
plantent des pieux, roulent de groffes roches:
la digue s’élève, la crife paffe, & le fuccès encourage
pour l’avenir. On a vu jusqu’où l’ennemi
étoit à craindre : l’ouvrage fait dans l’ardeur
qu’infpiroit le danger, eft l’esquiffe de celui
qu’il faut élever folidement pour la fuite.
Alors viennent les fecours de la Communauté
qu de l’Etat. Et comme une jouïffance déjà
longue prouve, que les caufes de dégât dimimuent,
on fait avec d’ autant plus de zèle ces
grands travaux, qui enfin font victorieux pour
toujours.
Les marmottés fifflént fur ées Montagnes
pour s’aVertir du danger; mais ce n’ eft qué
pour le fuir. Les hommes s’avertiffent de même
; mais c’ eft pour l’éloigner par mille
moyens, ou prévus & préparés à l’avanéé ; oui
imaginés & variés à l’ inftant & fuivant lé be*
foin. Ne pouvons-nous pas dire fans préfoihp-
tion que Dieu a pris plus de foin de nous qué des
Marmottes? . . . Sans préfomption! Eft-ce bien
là le langage que nous devons tenir? .oîi eft
presque réduit à prendre ce ton humble vis à
vis d’une claffe de perfonhes, qui ont le malheur
de fe méconnoître elles-mêmes. Mais
auprès de V. M- j’ ofe dire, Combien l’Horrimé
n’ e ft - il pas di|tingué des Amples animaux!
Y a - 1 - il quelque reffemblance, le plus petit
rapport, entre le moindre degré de perfectibilité,
ou dé réflexion appliquée à des objets nouveaux
, & l’ inftinCt invariable le plus parfait?.
Entre l’Etre qui s’occupe de foii origine &
de fa fin & qui obferve tous les autres
Etres qui l’ entourent, ■ & Celui qüi fent *
jouît & fe meut fans- méditer fur rien? Ens
tfe l’Etre qui varie fes jouïffances fuivant fes
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