
ont de propre à exçiter l’admiration nous faifit
de nouveau.
C’ eft ce dont la végétation en particulier va
nous fournir un grand exemple. Ce principe
çonfervateur de tous les Etres fenfibles ici-bas,
égale partout fes doux effets dans nos Cam-
pagnes & cependant nous en jouiffons, comme
de l’eau & de l’a ir , fans remarquer la marche
de la Nature dans le perfectionnement de
la Terre. Mais fi, nous écartant de ces objets
accoutumés , nous pénétrons dans les Laboratoires
où la Nature travaille feule, & où la
végétation eft encore à fes élémens;, fa marche
nous frappe; nous devenons attentifs: & qui
peut l’ être fur aucune des caufes générales qui
agiffent dans le Monde, fans être faifi d’admi-
ration ? Je vais tâcher de rendre compte à.
V o t r e M a j e s t é des objets qui ont excité
la mienne à cet égard dans les Montagnes.
Les pluies & les rofées forment, partout où**
elles féjournent, des dépôts qui font la première
fource de toute végétation. Ces dépôts
font toujours mêlés des femences'des moufles,
que l’ air charie continuellement, •& auxquelles
fe joignent bientôt les femences presque
aufli abondantes des Gramens, qui font l’herbe'
dominante de nos prairies, Ainfi, partout où
la pluie a formé quelque petit dépôt, il croît
de la Moufle Ou' des Gramens. C eu x -c i demandent
tm peu plus de terre végétable pour
-croître; ils germent & fe confervent principal
leme'nt dans les intervalles & les creux des
■pierres : mais la moufle croît bientôt fur la fur-
fa ce la^plus unie. Il n’ elt aucune pierre long-
tems expofée à l’ a ir , qui foit parfaitement polie
; l’ aCtion de l’air, du Soleil, des e au x, des
*elées, déttuîroit ce poli quand il exifteroit.
Le moindre creux alors reçoit un dépôt de la
pluie, & nourrit un brin de moufle. Ces brins
pouffent des racines & d e nouveaux jets autour
d’ eux , qui contribuent à arrêter l’ eau de la
pluie & de la rofée, & par ce moyen à arrêter
les dépôts nourriciers, jj
Quand la moufle a. multiplié fes filets, les .
dépôts s’augmentent plus rapidement encore ;
les brins de la moufle, en féchant & pourris-
fan t, en forment eux -mêmes ; car leur fubilan-
çe n’ étoit qüe ces mêmes dépôts façonnés:
d’ autres femences chariées par l’ air; qui auparavant
gliffoient fur les pierres> pareeque
tien ne les retenait, tombent dans le .fond de
la moufle, & y trouvent l’ humidité nécefiaire
pour produire leurâ premières racines : celles-
ci s’cntrelaffent dans la moufle, où elles fa