
accident Vers le haut, & Poil y couroit. Il
arriva au moment où les pauvres habitans du
Hameau fübmergé, aidés de leurs voifins qui j
s’ y rendoient de toute part, s’employoient à
fraÿer une route aux eaux au travers des décombres
, & à faire un pont au deffus des toits
de leurs maifons, en pofant des planches de
l’une à l’autre, itir lesquelles il fut obligé de
traVerfer avec fon cheval.
j ’ai paffë plufieurs fois moi - même dès lors
dans cette Vallée. Les pauvres inondés n’ont
pas ofé y rétablir leur Hameau, & fe font dis-
perfés dans les Villages voifins. On voit le canal
qu’ils creuièrent alors dans la digue; il étoit
déjà fort profond ; mais d’énormes pièces de rocher
les empêchèrent de continuer l’ouvrage. Il
refta donc une forte de Lac au deffus. Mais |
comme au deffus de cet endroit la pente
des eaux eft encore fort rapide, & qu’elles cha-1
* rient ainfi beaucoup de moè'llon, le fond du |
petit Lac eft déjà comblé presqu’au niveau de I
l’ ouverture faite dans la jettée: Il en réfulte
donc feulement que dans Cet efpace la Rivière
a un cours paifible fur un petit cailloutage
; tandis qu’ au deffus & au deffous elle écume
fans ceffe en tout tems parmi les rochers.
Cet atterriffemeht paroît devoir s’étendre eneote
, car le Talus d’où eft parti f avalanche, n’eft
pas encore fix e , & la Rivière le mine toujours.
C’ eft fans doute Ce qu’auront Compris les
Ingénieurs de la Province, & qui les aura em*
péchés de faire aucune tentative pour rétablir
Ce lieu dans fon premier état. Et tant mieux i
il feroit bien dommage de traverfer en cet en*
droit l’ouvrage fimple de la Nature. Ce recoin y
fi défaftreux aujourd’hui, prépare aux races futures
un de ces lieux admirables qu’on rencontre
fouvent tout à coup dans les Montagnes au for-
tir des défiles. Uiie faillie dans la Vallée, qui
I inontre par fa forme l’oùvrage ancien des eaux
i o u quelque éboulement, barre le paffage, &
I oblige à un détour pour gagner la coupure
Bptroite ou 1 eau de la Rivière le précipite en
bcume. Tous fes environs font encore fauvages
||pi& efcarpés; l’ombre obfcure des rochers entas*
J fë s & couverts de moufle, femble annoncer que
jle chemin va s’ouvrir dans les entrailles de la
Terre; & l’air qui y paffe rapidement, foit par
le refferrement de la Vallée, foit par le brife-
ment de l’eau, tranfit bientôt le voyageur. Ce*
pendant la vue d’une maifonnette foutient fon
| courage, en lui montrant que ce lieu n’eft
pas entièrement inhabité. Un eanal, en partie
«oiipé dans les rochers & les décombres,^ en