
„ pouffoit quelquefois de mon côté. Quand
„ cette nuée fulphureufe m’atteignoit, je n’avois
„ d’autre parti à prendre que de retenir mon
„ haleine ; fans quai j’aurois été fuiFûqué. Heu-
„ reufemcnt fon pafl'age étoit prompt & peu
„ fréquent. \
„ Dans ces momens de fracas & de fecous-
„ fe s , malgré toute mon avidité de voir &
„ la courage qu’elle me donnoit , j’étois faifi
„ d’une fecrette. horreur , & un mouvement
„ involontaire me faifoit reculer quelques pas.
„ Je tins, cependant plus d’une demi heure à
„ ce pofte ; & je fus fcpt ou huit fois le té-
„ moin de ce terrible fpettacle.
„ Les deux bouches ne vomiiîbient pas tou-
„ jours enfemble ; leur Communication avec le
„ fond de la fournaife, n’étoit donc pas com-
„ mune. La petite -bouche lançoit fes man
i è r e s cohftamment plus haut que la gran*
v de ; peut-être à caufe du retréciffement de
,, fon canal. Je diftinguois parfaitement que
„ la plupart des matières qui fortoient de ces
„ bouches , étoient des portions dé Lave en-
„ core fluide ; je les voyois changer de figure
„ e n Pair, & s’applatir en tombant fur les
„ laves voifines.
„ Toute'la petite Montagne n’eft" qu’ un araa§
„ de ces matières rejettées par la bouche.
„ Il y en a de forme f ronde & fort com-
0 ,, pattes ; d’autres allongées ; quelques unes
„ font en forme de gateaux, plufieurs font
„ légère s , ramifiées & remplies de bulles.
„ Les plus, petites portions de ces matiè-
„ res forment ce qu’ on appelle les cendres;
„ qui font proprement de la matière de '
„ Lave menuifée , & de petites pierres ponces
„ brutes. '
„ La Lierre ponce, cette fcqrie fingulière des
„ Volcans, entre donc aufli dans la compofition
„ de la petite Montagne. Le Véfuve , comme
„ toutes les autres Montagnes de fon efpèce,
„ en rejette beaucoup. Ce font fans doute des
„ matières- en bouillonnement ; mais elles ne
„ deviennent blanches & légères, qu’ après avoir
„ été longtems expofées à l’attion de l’Air & du
„ Soleil, & principalement au bor'd de la Mer.
„ Les Isles de Lipari, & furtout Stromboli,en four-
„ niflent une grande quantité. Ces feories, rédui-
. „ tes une fois à l’état de pierre ponce, furnagent,
„ & le vent les tranfportc de fout côté fur les <
„ plages voifines.
„ La petite Montagne, compofée de toutes -
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