
iupérieurs, dont ils amenoient les débris, fe
font déjà aifez éboulés pour être bientôt réduits
à une pente douce & fertilifée; les hommes
leur Creufent un lit fixe au travers du moellon
qu’ils ont eharié pendant les fiècles précédons
, & les contenant par des digues, ils
s’ emparent du terrein qu’ ils les forcent ainfi
d’abandonner.
La conquête n’eft pas toujours bien importante
au moment où les hommes l’entreprennent ; ce
n’eft fouvent que quelques buiffons nais-
fan s , quelques plantes odoriférantes mêlées
au gravier, dont leurs chèvres.& leurs
moutons fe nourriflènt. Auifi proportionnent-
ils leurs efforts à la valeur de ces produits: ils
ne tentent de les garantir que des inondations
ordinaires; en attendant que l'affoibliflement du
Torrent, la décompofition de ces premières
plantes qui eroiffent dans les parties les, plus
épargnées , & les dépôts des pluies accumulé?
pendant la compofition du tout, puiffent faciliter
la culture, ou donner naiffance à des
prairies , d’autant plus précieufes qu’elles pourront
être égayées par l’ eau même qui a fabriqué
leur baie. C’eft alors que tous les efforts particuliers
& publics fé réunifient pour affûter la
conquête à toujours.
Tout eft garni dans le bas des Montagnes de
ces terreins conquis fur les fommets par l’en-
tremife des Torrens. On les diftingüe aifémènt
à leur formé: c’eft celle d’un pain de fu -
cre fort àpplati, coupé par fon milieu du fofn-
met à la bafe. Les Talus de cê genre, que je
nommerai cônes pour Les diftinguer de ceux
que forment les e;boulemens fimples, s’ élèvent
vers les ouvertures d’ou fortent les Tort en s ;
& s’étendent dans les Vallées à proportion dé
la largeur de c e lle s - c i, & de la quantité de
matériaux que les Torrens ont châtiés.
J’aime à rapprocher les objets de V. M. autant
qu’ il m’eft poflible ; à les foumettre à fes
propres obfervâtions ; fur cet objet- c i , Elle
peut encore aifémènt obferver Elle - même :
ôn Voit efi petit l’opération dont je pafle,
presqu’à chaque pàs dans les grands chemins,
L é moindre ruiffeau qui s’écoule d’une
terre mobile, forme à fa chûte un petit cône
de fable, de gravier, ou de tout autre terrein
qu’il entraîne. Mais fi le ruiffeaii a achevé de
creufer fon lit,r fi fes bords font réduits à une
pente douce, le cône ne s’accroifiànt presque
plus, fe couvre enfin de gazon.
Voilà donc encore une opération très commune
des eaux, qui fe pafle autour de nous Sri