
Montagnes différentes. Dès que nous eûmes
ofé douter & nous le dire, le doute lui-même
fit bientôt place à la certitude ; & nous nous
femmes fouvent étonnés depuis, de n’avoir
pas été plutôt convaincus.
Il femble qu’il y ait un certain degré de
maturité dans les obfervations, qui prépare les
découvertes, & qui amene un moment, ou plu-
fieurs obfervateurs pourront fe rencontrer. Les
lumières, comtne les liquides, ont une forte
de niveau auquel elles tendent. A mefure que
les connoiflances s’ accroîifent, le genre humain
fe dispofe à en recevoir de nouvelles; &' lorsqu’
elles font parvenues à un certain degré, elles
produifent les découvertes ou les inventions
femblables, de la même manière que les
arbres bourgeonnent de toute part quand la
chaleur eft venue: elles peuvent donc paroître
ainfi en divers lieux à la fo is, fans qu’ il y ait
eu de communication entre les inventeurs ; &
feulement parce qu’ ils y avoient été acheminés
par les mêmes fecours.
Le goût des collections de minéraux & de
fojjiles s’ étant, généralement répandu tout à
coup au commencement de cette génération;
11 n’ eft pas étonnant qu’on aît examiné .de plus
près les Montagnes; & il ne falloit que cela»
pour fë convaincre au moins, qu’elles n’étoient
pas toutes de même efpècc: que les unes rem*
fermoient certains minéraux, & n’avoient point
de corps marins; tandis que les autres renfermaient
y avec des corps marins, d’autres efpè-
ces de minéraux■ Àufii peu à peu cette remarque
s*eft - elle répandue, & les minéralo-
giites d’ aujourd’ hui ne doutent plus de ce fait.
Je n’ai pu m’empêeher, M a d a m e , de
donner quelques moméns à l’hiftoire de cette
découverte, vu fa grande influence fur la Phy-
fique de notre Globe. La queftioo à refoudre
n’eft plu s, comment nos Continens ont - ils été
formés par les eaux? Mais comment trouve-t-on
dans nos Çontinens des parties qui ont été vifi-
blement formées par tes eaux, quoique d'autres
parties ne portent aucune marque de cette origine ?
Je différerai pour quelque tems la réponfe à
cette queflion ; ne pouvant à prefent m’occuper
que du fait, & de fes conféquences dans
les fyftêmes déjà expofés.
Dire que les Montagnes ont été formées par
les eaux de la Mer, eft une aifertion purement
gratuite, jufqu’à ce qu’on en aît donné
des preuves tirées de leur nature. A Poeuvre
on connoit Pouvrier: voilà le principe dont il
faut partir. Si les Montagnes portent des mar