
„ vent & la violence du feu , difperfant par
„ intervalles le nuage de fumée, me déCouvrî-
„ rent le fpedtacle effraiant qu’elle recèloir,
u Nulle exprefïïon ne peut le rendre. Moi-
„ même qui en fus le témoin, j’ai peine à me
„ perfuader aujourd’hui qu’ il ait été réel.
)} Je vis .que le fond de la pètite Mrntagm
„ étoit un grand brafier, formé des fcories lan-
u cées par deux ouvertures diftinitès. Quel.
„ ques unes de ces fcories, retombant da'ns lé
„ çrater, s’ accumuloient fur le haut de la Lavé
„ qui montoit dans le Canal. Lés vapeurs ce-
i} pendant s’y étoient maintenu ces deux paï-
„ fagçs, dont les bords élevés formoient çom-
„ mq deux cheminées hautes de 7, à 8. pieds.,
„ l’une au milieu* & l’autre vers le Nord-Ouèft.
„ L ’ouverture de la première étoit de 5. à 6.
„ pieds de diamètre, & celle de la fécondé
„ de ?2. à 15. La petite ouverture étoit
„ celle qui faifoit le plus de fracas : il en for-'
„ toit continuellement des eXhalaifons cmbra-
„ fées, pouflees avec la plus grande violence,
„ & avec un bruit femblable à de la matière
,, qui bout. De moment en moment des de.
„ tonnations effroyables fe faifoient entendre,
„ & en même tems le terrein trembloit fous
M mes pieds, Cç bruit affreux partoit Sabord
„ du fond du Goufre, & fembloit monter avéc
„ une rapidité prodigieure ; puis il fortoit avec
„ un éclat fupérieur à celui des plus grands
„ tonnerres ; accompagné de gerbes de lave
,, divifée, qui s’élevoient jusqu’à 100. pieds de
„ hauteur. Des exhalaifons enflammées les
„ aCcompagnoient avec un fiflement de tem-
„ p ê t e ; la colonne de fumée s’épaiffiffoit aufïï,
„ & s’élevoit en tourbillon jusques aux nues,
,, en même tems que, forcée par fa quantité
,, de fe faire jour au travers des flancs de la
„ petite Montagne, elle lui donnoit alors plus
„ que jamais l’apparence d’un terrible Encenfoir.
„ De tems en tems une partie du brafier lui-
„même étoit lancée en l’air; fans doute par
„ une fecouffe fubite que recevoir la colonne
„ de lave ; & c’ étoit quelquefois de mon côté
„ que la furface désunie étoit Tancée. Ces ma-
„ tières ardentes m’ environnoient alors dans
„ leur chute ; & il falloit fuivre des yeux cel-
„ les qui paroiffoient me menacer le plus,
„ pour être ' prompt à les éviter, comme on
„ évite les bombes dans les places affiégées.
„ Ma fituation alors n’étoit pas commode : car
„ d’une large crevaffe qui étoit derrière moi^
„ au pied de la petite Montagne, fortoit encore
„ une épaiffe vapeur de foufre , que le vent
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