
voit point de Talus à leur pied. Les moujfes
qui les recouvrent, foit celles qyi ont des ra*
meaux, foit les lichens qui ne font presque que
les -peindre de diverfes couleurs* prouvent
que depuis bien longtems leur iiirface n’ éprouve
aucune dégradation. Leurs moindres cavités
nourriflent des ArbriiTeaux, & les plus pe-
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tites faillies portent des gazons & mille autres
efpèces de plantes. Eh un mot ces rochers
là paroiflent indeftruétibles par toutes
les caufes connues. Mais enfin, fi quelque
caufe inattendue les fecoue, les brife & les fait
ébouler, ils forment alors des Talus, & rentrent
dans la claiTe générale.
Il eft d’autres efpèces de rochers qui tiennent
le milieu entre ces derniers & les précé-
dens. Ils ne réiiftent pas affez à la deitruc-
tion , pour que leur furface ait le, tems de fë
couvrir de moujfe; mais ils ne fe détruifent pas
aflez rapidement non plus, pour recouvrir de
nouveaux décombres les Talus qui s’ en forment
, avant que la végétation ait pu s’ y établir.
Ce cas eft aflez fréquent ,■ furtout au bas des
Montagnes, où la végétation eft plus forte,
foit à caufe de plus de chaleur, foit parce que
les Talus inférieurs reçoivent des parties fupé-
iieures par les pluies. &c les vents, beaucoup
Y' " ' . de
de menues matières propres à les fertilifei*.
Ces Talus là , fe recouvrent donc d’herbes fis
d’arbres, & furtout de broJJailles, avant d’être
arrivés à leur état fixe. Les brojjailles font là
production ordinaire de ces terreins; parce
qu’avant que les troncs puiffent fe former, il
furvient de nouveaux décombres, qui recouvrent
les premières branches. Celles - ei étant
ainfi enterrées, pouffent des racines, & deviennent
comme de nouvelles plantes, chacune
à part; ce qui fait buiffonner des arbres qui
font naturellement de haute futaye. Les chênes,
les hêtres, les chataigners* les ormeaux,
les aunes* font fouvent dans ce cas, & fe
trouvent mêlés fur les' Talus, avec les autres
plantes ligneufes qui buijjonneni naturellement*
.telles que les buis, & les différentes fortes d’ épines,
de bruyères* de ronces & c .
D’autres fois les éboulemens font allez lents,
pour laiffer aux arbres ie tems de. s’élever dans
ces Talus inférieurs des Montagnes, & aux
gazons celui de fe former dans les talus fupé-
rieurs. De tems en tems feulement» il y tom-*
be quelque nouveau moellon, que les moujjes
ou les gazons ont le tems de recouvrir avant
qu’il en furvfenne d’autre. Les Arbres aufli ont
le tems de s’ accommoder à ce nouvel état, en
Tomé II. IV ’ Partie* D