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¥ H I S T O I R È IV. Pa r t ir .
prife de pojpcjjlon, que lai végétation exercé
partout où elle en trouve le moyen. C’eft d’abord
une vraie guerre entre les rochers & elle ;
elle les affiége, & l’emporte enfin. Souvent
elle a du deffous, parce qu’elle s’eft trop avancée
; les aifiégés couvrent fes troupes de pierres
depuis leurs murs, mais elle ne fe décou*
rage point > & recommencé fans celle fon attaque.
Il eft presque impoifible de ne pas v o i r la
marche de la végétation fous ce point de vue>
dès qu’une fois il s’ eft préfenté à i’efprit. Lés
fapins ait pied de mon Talus, élevant leurs
hardies pyramides au defTuS-.de la neige, me.
peignent une armée affaillante. Elle monte en
diverfes colonnes} elle a même, envoyé divers
piquets avancés; enfans perdus, qui feront
écrafés peut-être,-, mais l’ armée n’avancera pas
moins. Déjà tout le gros eft .en mouvement;
& avec un front presqu’auffi large que le Talus
lu i-m êm e , il .a fait une marche en
avant dans la pente. Avec le tems, (& ici j’ai
droit de le dire ; parce qu’on voit clairement
l’effet du tems) avec le tems, d is - je , l’armée
couvrira entièrement le' Pays ; & fa conquête
fera durable, pourvu que la terre ne lui map-4
que pas fous les pieds:, cataftrophe dont eHe
IiETTRE XXX, fc>E LA T E R R K éff
eft encofe menacée du côté du L a c , parce que
fa bafe. refte efcarpée. Mais je reviendrai à
cet objet. >
La végétation n’attend pas de venir en force
avec des arbres, pour s’ affurer la conquête d’un
terrein; elle y a déjà fes intelligences ; les
moujj'es ou les gazons font fep émiffaires pour
préparer le Pays. Avant que mon Talus fût
couvert de neige, je l’avois fouvent regardé
avec des lunettes, ainfi que tous les autres
qui nous environnent. Celui - là étoit gazonné
beaucoup plus haut que les arbres, & le menu
bétail en jouïffoit déjà. Les habitans voi-
fins s’y font fait auffi des routes, foit pour y
conduire ce bétail, foit pour aller couper les
brojfailles qui pouffent par place; en un mot,
il commence à être en valeur.
Il y a des rochers fi durs, fi folides, fi
exempts de crevaffes ; dont la maffe, en un
mot, eft tellement continue, & la fubftance
fi peu fusceptible de décompofitiop, que quelque
dispofé que je fois à.admettre toutes les
caufes deftruêtrices, il ne nPeft presque pas
poffible d’accorder que les fiècles entaffés puis-
fent rien fur eux, lors même qu’ils fe trouvent
coupés à pic. Us descendent quelquefois perpendiculairement
dans les vallées, & l’on ne