
autres cultes.— Unité des desseins de Mahomet.— Conséquences pratiques.
— Réaction. — Notre genre de vie à Riad. — Place du marché. —
Les quatre quartiers de la ville. — La grande place et la Djamia. —
Singularités du culte wahabite. — Un cheik de Damas. — Le Khotbah.
— Les murs de la ville. — Jardins. — C lim a t# - Moutons , bestiaux,
gibier. — Population nègre. — Affinité qui existe entre les Africains et
les Arabes du sud. — Ismaël et Kahtan. — Émancipation des nègres.
— Les Khodeyryah. — Population du Nedjed. — Les Benou-Hemim. —
Décadence du commerce. — Agriculture. — Caractère belliqueux des
Nedjéens. — Origine et différences des deux grands dialectes arabes.
Devant nous s’ouvrait une vallée sauvage; au pied de la
colline sur laquelle nous nous tenions, se déployait la ville
spacieuse et carrée, que protègent des murs épais et que couronnent
de hautes tours. Un grand nombre d’édifices remarquables
annoncent son importance et sa richesse; ceux qui
se détachent de la masse confuse des toits et des terrasses sont
la grande mosquée, le palais de Peysul, celui de son fils, constructions
irrégulières et de formes gigantesques. Tout autour
de la capitale du Nedjed, sur un espace de plus d’une lieue,
nous apercevions des champs fertiles, de frais jardins, des palmiers
touffus ; le bruit des roues et des poulies, si harmonieux
à l’oreille des Arabes, arrivait jusqu’à nous et révélait la présence
des puits nombreux 'qui arrosent cette riche campagne.
Vers le sud, s’étendent des plaines fécondes couvertes de plantations
et de villages au milieu desquels, grâce à la transparence
de l’air, nous distinguions clairement la ville de Manfouna,
grande cité presque aussi populeuse que Riad. Plus loin à l’horizon
se dressent les montagnes pittoresques de l’Yemamah,
comparées par un poète arabe à des épées levées un jour de bataille
; leurs cimes bleuâtres cachaient à nos regards l’immense
désert du sud ou Dahna. La vallée- se rétrécit à l’ouest et se dirige
vers Dereyah, en décrivant de capricieux méandres; au
sud-ouest, la basse chaîne de l’Afladj la sépare de la Wadi-Do-
wasir; mais du côté de l’est, elle se relie à la longue vallée de
Soley dont un bras s’avance vers le nord, plus loin que la chaîne
centrale du Toweyk, tandis que l’extrémité méridionale tra versant
une plaine sablonneuse, semée çà et là de quelques
bois et de rares villages, se termine à la ville d’Houtah, rivale
autrefois de Riad, dont elle est aujourd’hui la vassale mécontente.
En cet endroit, la province d’Harik borde le désert, y pé-
■nôtre même au nord et à l’est, de manière à donner, pour ainsi
dire, la main aux districts omanites. Enfin, dans cette même
direction, une longue ligne grisâtre ferme la perspective ; ce
sont les sommets du Toyveyk oriental qui dérobent à notre vue
les champs de l’Hasa et les plages du golfe Persique. Rarement,
dans mes longs voyages, il m’a été donné de contempler un
aussi admirable panorama, une contrée aussi riche en beautés
et en souvenirs historiques. Si quelqu’un de mes lecteurs s’est
rendu à Damas par la route de l’Anti-Liban, il peut se former
une idée approximative de la vue qu’offre la ville de Riad, /
quand on arrive par la route du nord. Le paysage est ici encore
plus étendu et plus varié, le regard embrasse des plaines plus
vastes, des montagnes plus hardies; le désert entoure et étreint
des cités populeuses, l’aridité tropicale se mêle à une luxuriante
verdure, tout en un mot se réunit pour former un spectacle
que l’Arabie seule peut présenter, et en comparaison
-duquel la Syrie semble pâle, l’Italie monotone.
Un léger brouillard, le premier que nous- eussions aperçu
•depuis plusieurs jours, enveloppait la viHe et disait assez combien
l’irrigation des jardins devait être abondante. Les rayons
du soleil firent bientôt disparaître le voile transparent, et la
chaleur croissante aurait suffi à nous apprendre que nous
étions maintenant sous une latitude plus méridionale, dans un
, pays exposé aux vents brûlants du désert, vaste fournaise qui
s’étend depuis l’Yemamah jusqu’aux rives de l’océan Indien.
Nous avions arrêté nos dromadaires pour admirer pendant
•quelques minutes ce magnifique et imposant tableau, dont la vue
nous faisait oublier les angoisses que ressent toujours quiconque
s’avance vers l’antre du lion. Abou-Eysa, Me® que familier avec
une scène qu’il avait déjà contemplée tant de fois, attendit volontiers
pour nous indiquer les points les plus remarquables et
nous montrer la route qui conduisait à sa demeure dans l’Hasa.
Nous descendîmes ensuite la pente de la colline pour suivre un
chemin tracé au milieu des cultures et des plantations, A chaque
pas, des Arabes saluaient notre guide du ton cordial de vieilles
connaissances. Je remarquai entre autres un jeune garçon qui
accourut vers lui et baisa sa main avec un empressement et une
joie qui me touchèrent profondément. C’était un pauvre orphelin
des environs dont Abou-Eysa, par une générosité moins rare