
l’extirpation lorsqu’elle est praticable, par un sermon sur la
patience lorsqu’ils ne peuvent y recourir. Quant àla dyssenterie,
ils n’ont pour la combattre ni spécifique, ni régime, aussi a-t-elle
assez souvent un dénoûment fatal.
J’ai dit que les cas de fièvre intermittente sont peu nombreux;
cela est vrai pour les indigènes, mais des gens venus de Bassora,
de l’Hasa ou du Katif en ont souffert des mois et mêmedes années ;
cette affection est souvent accompagnée d’une tuméfaction de la
rate. J’ai eu plusieurs fois occasion de soigner des malades qui en
étaient atteints ; après avoir coupé la fièvre à l’aide dti quinine,
j’employais le sulfate de zinc pour compléter la guérison. J’ignore
si ce remède est usité,en Europe; il m’avait été indiqué pendant
mon séjour dans l’Inde, et je m’en servis avec succès au Nedjed.
La fièvre rémittente se rencontre parfois dans le Nedjed et le
Shomer; il est rare qu’elle dure plus de deux ou trois semaines,
et même, convenablement traitée, elle cède beaucoup plus tôt.
Une recette, je dirais presque un remède empirique de Marriott,
qui consiste à administrer de l’antimoine tartarisé par petites
doses souvent répétées, ne manquait jamais de produire son
effet salutaire et de me valoir de bons honoraires.
Bien que le quinine soit inconnu dans la Péninsule, les
toniques sont employés par les Arabes. Ils possèdent une plante
amère nommée sheah, qui croît partout sur les montagnes, etune
herbe aromatique appelée lliémam, particulière, je crois, au
Nedjed; on en fait des décoctions très-efficaces contre les affections
peu graves.
Un mal que je n’ai pas besoin de nommer fait ici de grands
ravages. Comme tous les autres peuples, les Nedjéens lui assignent
une origine étrangère, et affirment qu’il a été apporté
chez eux par les Persans. Cependant le mot qui le désigne,
belegh, est de l’arabe le plus pur, et je crains fort que l’affection
elle-même ne soit pas moins indigène, quoique la conduite
licencieuse des voyageurs persans et des pèlerins de la Mecque
qui traversent Riad pour se rendre dans la ville du Prophète ait
contribué à répandre le fléau. Il a maintenant élu domicile dans
l’Arabie centrale, et ses progrès rapides prouvent la démoralisation
profonde du pays. Les habitants prétendent que le virus se
communique avec la même facilité que celui de la petite vérole
ou de la fièvre scarlatine ; je n’ose assurer qu’ils aient raison,
quoique j ’aie vu des cas difficiles à expliquer autrement. Le sulfate
de mercure est employé pour le traitement de cette maladie,
mais on ignore l’usage des autres préparations, telles que le
calomel ou le bichlorure. J’ai fait tout ce qui dépendait de moi
pour les introduire, persuadé de leur utilité incontestable. La
médication particulière qualifiée en Europe d’arabe, qui consiste
principalement à observer une diète rigoureuse, ne me paraît
pas mériter son nom, du moins je n’en ai pas entendu parler en
Arabie. En raison de l’indigence actuelle de la pharmacopée
indigène, les lecteurs ne s’attendent pas à voir figurer l’iode au
nombre des remèdes usités dans la Péninsule; je fus en effet le
premier à le prescrire.
J’ai oublié de dire que l’hydropisie ou kyste de l’ovaire est
fréquente au Nedjed. Les habitants, dans leur ignorance, prennent
cette affection pour une gestation prolongée, et racontent
que des femmes sont demeurées enceintes pendant quatre ou
cinq ans.
L’apoplexie doit occuper une place importante dans le triste
inventaire de l’héritage fatal légué par Adam à sa descendance
arabe. Il en est de même de la paralysie et des tics nerveux; les
névralgies, les migraines sont aussi plus fréquentes que je ne
l’aurais supposé, et elles n’affectent pas uniquement les beaux
esprits ou les brunes filles de la Péninsule. J ’ai vu quelques cas
fort graves de chorée, mais cette maladie n’est pas ordinaire.
Quant au tétanos, je n’en ai, grâce au ciel, rencontré aucune
trace. Des épileptiques m’ont été parfois amenés, mais je ne séjournais
pas assez longtemps dans une localité pour songer à
traiter sérieusement, sous la forme particulière qu’elle prend en
Arabie, cette étrange affection, dont les symptômes effrayants
ne le cèdent en rien à ceux d’Europe, et qui ne se termine pas
par un dénoûment moins fatal. J’ai eu à Riad le triste spectacle
de plusieurs cas d’aliénation mentale, de folie furieuse, et j ’en
ai aussi entendu parler ailleurs. Tous ces genres de maladie,
particulièrement les deux dernières, sont, comme les rhumatismes,
soumis à un traitement spécial ou plutôt à une torture
gratuite, sous la forme du cautère, du fer rouge en un mot. J’ai
vu à Riad un jeune épileptique, fils d’une noble famille, brûlé
de la tête aux pieds; le feu, pénétrant jusqu’à l’os, avait tracé
autour de sa tête une cicatrice de forme annulaire. Cette médiii
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