
CHAPITRE XVI .
LES CÔTES D'OMAN.
Yes, I rem em b e r w e ll
The lan d o f m an y h u e s ,
W h o se c h a rm s w h a t p r a is e c an te ll,
W h o s e p ra ise w h a t h e a r t refuse?
(H. Taylor.)
Arrivée a Shardjah. — Vue générale de la côte et de la ville. — L’agent
anglais chargé de réprimer l’esclavage..— Usages omanites. — La
“ “S “ i6^ 7 Le commerce de Shardjah. - Les métaux de l’Oman.
Khahd-ebn-Sakar. gÿ Le Keysaryah. — Le château et la to u r .—
Excursion à l'intérieur. - Le Djebel Okdah. - Une aventure nautique
— Nous nous embarquons pour Sohar. — Villages situés sur la côte.—
Ras-ei-Kheymah. — Chants des marins omanites. — Shaam et Khabb.
— Les m etouts^- Le cap Mesandum et les rochers de Salamah. — Une
tempête. — Ormuz. — La forteresse portugaise. — Ancienne prospérité
Ormuz Sa décadence actuelle. — Langage particulier des marins
du golfe Persique. - Rouhah. - Leymah. - Craintes des habitants.
Un temple. — La baie de Debi. — Kalhat. — Le Batinah. — Effets
I » 13 Euerre- Arrivée à Sohar. B Le gouverneur Fakhar. — Notre
r t i Architecture de l’Oman. — Situation actuelle du Batinah.
Citadelle de Sohar. — Garnison de Beloutchis. — Le marché. — Les
jardins. — Caractère de la population. — Le port et la pêcherie de
bohar. — Nous partons pour Mascate.
Le 16 février 1863, nous aperçûmes entre Abou-Debi et Dobey
la côte omanite. Elle est en cet endroit basse et sablonneuse,
mais couverte de riants villages qu’abritent des bois de palmiers!
Les montagnes de Bereymah se dessinaient au loin comme un
nuage léger sur 1 azur du ciel ; vers le nord, nous distinguions
les contours vagues du cap Mesandum et des pics de R o u s-e l-
Djebal. Nous nous proposions d’aborder à Shardjah; après
quelques manoeuvres, notre petit navire entra dans le khowr
ou port de cette ville, crique étroite ouvrant à angles droits sur
1 Océan ; à quarante mètres plus loin, s’enfonçant par un brusque
détour dans 1 intérieur des terres, elle suit une direction parallèle
à la mer pendant plus d’une lieue, à peu près comme
l’Yare, de Gorleston à Yarmouth. L’entrée du port est fermée
par une barre, qui exige de la part des marins beaucoup d’adresse
et d expérience; au delà, l’eau est parfaitement calme et
n a p a s une grande profondeur; les croiseurs et les bateaux de
pêche peuvent fréquenter ces parages, mais un grand vaisseau
ne saurait y naviguer.
Shardjah, ou plutôt Sharkah, c’est-à-dire VOrientale, s’étend
tout auprès du khowr. Complètement ouverte du côté de l’Océan
elle est peu fortifiée du côté de la terre ; en face de la crique!
s’élève le château où réside Khalid-ebn-Sakar ; la vieille ville se
compose principalement de maisons construites en briques ou
en pierres; le long de la berge s’alignent d’interminables allées
de jolis cottages, moitié bois, moitié feuilles de palmiers,
qu habitent des pêcheurs et des marins. Shardjah compte environ
vingt à trente mille habitants, répandus sur une superficie
presque double de celle de Lindja.
Quand nous eûmes traversé la barre écumeuse, nous entrâmes
dans un petit canot, envoyé par un ami de notre capitaine pour
nous conduire au rivage. En ce moment, j ’aperçus à l’entrée du
port un yacht anglais qui se balançait légèrement au souffle de
la brise. Sur le pont était assis un homme vigoureux, assez
avancé en âge, revêtu du costume des habitants de Bagdad et
dont les traits annonçaient l’origine arménienne. Curieux de sa-
voir quel était ce personnage, si différent des Arabes qui l’entouraient,
j interrogeai Abbas et j’appris que l’inconnu se nommait
Yakoub, qu’il remplissait à Shardjah les fonctions d’agent britannique
pour la répression de la traite des nègres, et que
très-probablement, il se rendait alors au village de Mefraz, situé
à une distance de quelques milles, où demeurait l’une de ses
épouses; car Yakoub possède de nombreux éléments de bonheur
domestique ; une de ses femmes réside à Shardjah, les autres sont
disséminées dans les villages voisins.
« Réellement mes compatriotes pourraient faire de leur argent
un emploi meilleur que de remplir les poches de ce gentleman, »
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