
CHAPITRE X.
VIE A RIAD.
B u t th e r e ’s Mo rality h im s e lf
Em b ra c in g a ll o p in io n s ;
H e a r, h ow h e g i’e s th e t ’ith e r y e ll
B e tw e en h is tw o companions ;
See, h ow sh e p e els th e sk in a n ’ fell
As o n e w e re p e e lin g o n ions !
Now th e r e — th e y ’re p a c k ed a ff to h e llr
And b a n ish e d o u r d om inions,
H en c e fo rth th is d a y .
(BURNS.)
Notre premier malade. — Sa position, son caractère et son influence. —
Abdel-Kerim. — Visite à sa maison, sa famille. — Division des péchés
d’après la théologie mahométane.—Le polythéisme et l’usage du tabac.
Stratagème d’Abdel-Kerim pour ne payer aucun honoraire. — Les Me-
towas. — Abdel-Rahman. — Mahomet à Damas. — Indignation d’Abd-
el-Hamid. — Le Wahabite Abdel-Latif. — Son sermon. — Les fumeurs
de tabac au jugement dernier. — Rigorisme des Wahabites. — Mohammed,
frère d’Abdel-Latif. — Nosographie. —Conditions hygiéniques de
l’Arabie en général.— Absence de certaines maladies.— Épidémies.—
Scrofules. — Rhumatismes. — Maladies de coeur. — Hydropisie. — Remèdes
arabes. -— üvssenterie.-— Fièvres. —-Apoplexie. — Paralysie.
Danse de Saint-Guy. — Tétanos. — Folie. — Hydrophobie. — Asthme.
Bronchite. — Lèpre et maladies cutanées. — Ophthalmies. — Absence
de sensibilité nerveuse chez les Arabes. — Une opération. — Rétablissement
de Djowhar. — Notre position au palais. — Introduction à l’histoire
de la dynastie wahabite.
Abou-Eysa, fidèle à sa promesse, se mit à l’oeuvre et usa largement
du charlatanisme que l’on appelle vulgairement « puff »
pour nous amener une nombreuse clientèle. Ses louables efforts
ne restèrent pas sans résultats; le surlendemain du jour de
¡notre installation nous' vîmes entrer un malade qui fut pour
nous un véritable présent du ciel.
Ce visiteur n’était autre que Djowhar, grand trésorier de
Feysul. Mes lecteurs seront sans doute un peu surpris d’apprendre
que ce haut dignitaire à’ la peau d’un noir d’ébène avait été
jadis esclave et avait obtenu sa liberté de Turki, père du roi
actuel. Grand, bien fait, aussi beau qu’un nègre peut l’être, il
paraissait âgé d’environ quarante-cinq ans ; ses vêtements étaient
fort riches, comme le sont toujours ceux des Africains opulents,
quelle que soit la secte à laquelle ils appartiennent, et, à sa ceinture,
brillait une épée à poignée d’or. Mais, disait-il, si 1 usage
fie ce métal est défendu à titre de parure, il est permis de
l’employer, en toute sûreté de conscience, pour décorer des
armes. Beaucoup de prédicateurs ont perdu, je crois, leur temps,
■et leur peine lorsqu’ils ont essayé d’inspirer aux femmes le
goût de la modestie et la simplicité dans la toilette. J aimerais
A voir ces orateurs faire l’essai de leur éloquence sur une réunion
fie nègres; j ’ignore quel en pourrait être le résultat; en tout
cas, l’ange de l’Islam et les Wahabites ont échoué dans cette
tentative. Du reste, Djowhar était un excellent compagnon, d’une
humeur enjouée, un peu vif, mais traitable et confiant, comme la
plupart des gens de sa couleur.
La maladie dont il souffrait alors le contrariait beaucoup,
car elle le mettait dans l’impossibilité de remplir une mission
dont Peysul voulait le charger. Ainsi, travailler à rétablir sa
santé, c’était rendre un service à l’État. Abou-Eysa, depuis
longtemps en rapport avec le grand trésorier, 1 introduisit et le
fit asseoir suivant toutes les règles de l’étiquette sur un tapis
•étendu dans la cour; puis il commença un si pompeux éloge de
ma science médicale qu’il aurait fallu en rabattre beaucoup même
■s’il se fût agi de William Cullen ; son emphatique déclaration
aida puissamment à rassurer Djowhar et à préparer la guérison.
Après le café, j’emmenai le malade dans mon cabinet, où,
complétant par mes inductions ses réponses un peu confuses, je
parvins à me faire une idée nette de ce qu’il éprouvait. Le mal,
quoique sérieux, pouvait cependant être combattu par un traitement
simple et efficace; aussi n’hésitai-je pas à lui promettre
un prompt soulagement, ajoutant que, dans trois semaines, il
serait en état de partir pour Bahraïn, où l’appelait sa mission.