
une « dangereuse tentation, » toute la fleur des sentiments
domestiques et de la vie de famille fut flétrie par des mesures
qui substituent des concubines à l’épouse; de plus, l’institution
de la polygamie, la facilité du divorcé séparent les enfants
de leurs parents, et en font autant d’ennemis, de sorte que la
maison d’un mahométan ne présente qu’un spectacle repoussant
et plein de tristesse, tantôt celui d’une immonde promiscuité,
tantôt d’une lutte fratricide qui rappelle les deux jumeaux
fondateurs de la Ville Éternelle. Si l’on a la patience d’arrêter
ses regards sur les scènes impures et sanglantes qu’offre l’histoire
des dynasties mahométanes, on y verra la fidèle image des
passions qui souillent la demeure des moindres particuliers dans
les pays frappés de la malédiction du Coran.
D’après la pensée de Mahomet, trois choses, la religion, la
guerre, les femmes doivent consumer l’énergie, remplir l’existence
entière de l’homme ; de ces trois choses, les deux premières
sont un devoir, la dernière, un simple passe-temps.
Un état social basé sur de tels principes, n’admet d’autres
plaisirs, d’autres divertissements que ceux qui flattent les instincts
sensuels les plus vils, il conduit fatalement à des vices
sans nom. et Mahomet lui-même en prévoyait les tristes résul-.
tats lorsqu’il a laissé tomber ces mémorables paroles : « Je crains
pour mes sectateurs les crimes de Sodome et la terrible punition
qui les a suivis. » Il n’était pas besoin d’être prophète pour
savoir que, si on refuse aux hommes les joies permises, ils en
cherchent de criminelles, et que dans un pays où les femmes
sont trop dégradées pour inspirer le respect, elles ne sauraient
faire naître l’amour. Mais bien qu’il prévît le mal, le fondateur
de l’islamisme le toléra prudemment ; la peine légère qui, dans
son code, frappe cette classe de coupables, montre qu’il s’attendait
à la trouver nombreuse et voulait simplement satisfaire en
apparence la morale par la condamnation de honteux excès.
« A travailler toujours sans jamais jouer, Jack deviendra un
triste garçon, » dit un vieux proverbe ; on peut ajouter aussi
qu’il deviendra un méchant garçon. Combattre et prier, prier et
combattre, se traîner dans la fange d’une basse sensualité, c’est
autant qu’il en faut pour absorber l’énergie du soldat au temps
de la conquête, pour remplir l’âme d’un dévot fanatique. Mais
quand la lutte sera passée, quand la ferveur religieuse sera
refroidie, quel aliment viendra ranimer la vigueur des esprits
fatigués de guerres et de disputes ? Ce ne sera pas l’amour, il
est profané; ce ne seront pas les liens de la famille, le divorce
et la polygamie les ont détruits ; bien moins encore le vin, le
jeu, les gaies réunions, ce sont des pièges de Satan ; s’occupe-
t-on d’agriculture, on renonce aux visites des anges ; s’adonne-
t-on au commerce, on empiète sur les attributs du Tout-Puissant,
nourricier du monde; enfin, se livre-t-on à la science, on
devient hérétique, le Prophète l’a déclaré en termes formels. On
conçoit qu’un cheval enfermé dans de si tristes barrières, les
franchisse parfois ; il y est même contraint s’il ne veut croupir
dans le fumier et dans l’inaction.
Je crois avoir parfaitement mis en lumière la tendance naturelle,
inévitable des institutions mahométanes, et j ’ose espérer
que mon opinion sera partagée par quiconque a tant soit peu
étudié la nature humaine. Les résultats sont la pierre de touche
des systèmes. L’abaissement des intelligences, la corruption des
moeurs, la guerre au dehors, au dedans la discorde sous toutes
les formes exerçant leurs ravages dans la famille, dans la société,
dansl’État; les convulsions du fanatisme alternant avec une torpeur
léthargique, une prospérité passagère suivie d’une longue
décadence, tel est le tableau que présente l’histoire des races
mahométanes. Le pays-modèle de l’Islam, le royaume d’u to -1
pie du Coran, 1 empire wahabite en un mot, fournit un exemple
frappant des effets démoralisateurs du mahométisme ; on en
pourra juger par les pages qui vont suivre, dans lesquelles je
raconte simplement ce que j’ai vu de mes yeux, entendu de mes
oreilles.
Il y a, je le sais, des exceptions, à cette règle. Sous les systèmes
les plus mauvais, le bien peut quelquefois se faire jour, et même
se propager, comme il arrive au mal de se produire sous les
meilleurs régimes. La nature humaine réagit contre ce qui tend
à causer sa ruine, de même qu’elle brise trop souvent aussi des
freins salutaires. L amour de la famille, l’attachement conjugal,
1 activité généreuse, la douce tolérance, la saine civilisation
n’ont pas été entièrement étouffés par le Coran, qui n’a pu les
empêcher de porter çà et là quelques fruits. La race arabe, si
richement douée, a surtout une vitalité puissante qui résiste à l’action
délétère de ses dogmes religieux. Aussi des écrivains de