
Les malades s’y rendaient en foule, et souvent y recouvraient la
santé ; aussi le village était-il devenu un lieu de réunion fort à la
mode. Sa prospérité attira l’attention soupçonneuse du gouvernement
de Riad; environ trois années avant l’époque de notre
voyage, Feysul avait donné l’ordre de détruire la coupole, ainsi
que les bains et de combler la source, car » il ne fallait pas,
dit-il, que le peuple prît l’habitude de placer sa confiance dans
une fontaine au lieu de la mettre en Dieu seul, et se rendit par
là coupable d’idolâtrie. » Le décret impérial fut exécuté dans
toute sa rigueur, mais la fontaine filtre lentement au milieu
des monceaux de décombres, attestant à la fois la bonté du Créateur,
la stupidité des Wahabites et le malheur d’un pays gouverné
par des fanatiques. C’est là, du reste, une histoire aussi
vieille que le monde, et l’Arabie n’est pas la seule nation qui en
fournisse des exemples.
Plus loin nous rencontrâmes un autre petit village, dont j ’ai
oublié le nom. Enfin, un peu avant l’aube, nous aperçûmes
confusément la longue masse noirâtre des bois de dattiers qui
environnent Hofhouf. Laissant sur notre droite une forteresse
solitaire et quelques jolies villas, nous suivîmes les sentiers
tracés au milieu des champs de riz et nous entrâmes dans la
ville, dont les portes ne sont pas gardées. Quelques minutes
plus tard, nous arrivions devant la maison d’Abou-Eysa, après
laquelle nous soupirions avec tant d’impatience.
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