PACHYDERMES
et enfin comme les couches superficielles sont nécessairement aussi
les plus récentes, les os qu’ elles recèlent sont plus semblables à ceux
des animaux d’aujourd’hui, et par conséquent plus faciles à déterminer
quant à leurs genres et à leurs espèces.
Il y a néanmoins encore de grandes différences d’ancienneté entre
les couches meubles : les unes, qui forment le fond des grandes
vallées ou la superficie des grandes plaines, s’étendent à de grandes
distances et à de grandes profondeurs ; ce sont elles qui font l’objet
principal de nos recherches actuelles; la plupart des os qu’elles recèlent
appartiennent évidemment à des animaux au moins étrangers
à nos climats, tels que des élçphans, des rhinocéros, des buffles, etc.
Les autres couches meubles, moins étendues et surtout plus récentes,
«ont déposées journellement parles rivières, .soit lors de leurs
inondations, soit,dans les .endroits o.ù leur bord est le plus concave.
Elles forment ce que l’on nomme proprement des allumions. Composées
presque uniquement de sables roulés, elles n’enveloppent que
des os d’animaux du pays.
Mais parmi .tous les .os des couches meubles, uo_us avons encore
eu des raisons particulières de commencer par ceux des pachydermes.
>Ce sont eux que l’on a le plus généralement recueillis, parce que
la plupart des espèces qui appartiennent à cette famille sont fort
grandes ; et qu’étant toutes étrangères à nos climats, si l’on en excepte
le chevalet le cochon, leurs dépouilles .ont dû frapper davantage
les curieux par leur singularité. Ainsi nous avons eu .des matériaux
plus abondans que pour les autres.
L ’examen ostéologique en étoit aussi .plus aisé, parce que l’ordre
des pachydermes ne comprend qu’un petit nombre de genres ; q.ue
ces genres sont fort distincts les uns des autres, et qu’il est par
conséquent plus facile d’en reconnoitre les parties. Il n’y a pas une
de leurs dents, ni de leurs os de la tête ou des extrémités, qui _ne
soit isolément en état de fournir des caractères distinctifs suiffisans :
c’est ce que les ruminans par exemple ne ferment point, parce
qu’ils sont trop semblables entre eux.
Enfin, l’état de la science nous donnera un dernier ordre de
DES TÈRRAINS MÈUBLES. 3
motifs. J’avois bésoin pour toute la suite de mes démonstrations,
ét particulièrement pour la détermination des animaux extraordinaires
de nos pierres à plâtre, qui font fohjet de ma seconde
partie, et que je regarde comme mes principales découvertes* ën
ce genre, j’avois besoin, dis-je, de l’ostéologie de plusieurs animaux
de cette famille, dont les squelettes n’ont point encore été décrits.
On ne connoissoit point les squelettes du rhinocéros, de Y hippopotame,
ni du tapir i celai de Y éléphant lui-même n’étoit encore
qu’imparfaitement connu. J’avois donc à les décrire'; et l’endroit le
plus naturel pour le faire étoit celui où je (revois parler dés os fossiles
des mêmeâ genres.
Ainsi c’étôit par ces fossiles que je devois commencer mon travail.
Quand j’en aurai terminé l’histoire, je passerai, dans ma secondé
partie, à celle des animaux de nos pierres à plâtré, qui sont aussi
presque tous de la famille des pachyderm es, mais dé .genres entièrement
inconnus ; puis revenant aux fossiles clés terrains meubles,
je traiterai successivement, dans ma troisième partie, des carnassiers
et des autres onguiculés fossiles, ainsi que des ruminans, cest-à-dire
des animaux à sabots non pachydermes.
Je parlerai enfin des cétacés et des reptiles.
L ’ordre que je suivrai ne sera donc ni rigoureusement géologique
, ni rigoureusement zooïogique ; mais ce sera le plus commode
pour conduire le lecteur à travers tant de recherches difficiles, et
pour lui faire saisir le fil et sentir la justesse des preuves, èn lui
développant la véritable marche suivie dans les decouvertés;
Cette famille si naturelle des pachydermes, entièrement méconnue
par Linnceus, et encore plus par ses prédécesseurs, n a ete bien
sentie que par Storr (i).
Il l’avoit définie mammifères à sabots, à p lus de deux doigts.
Mais comme j’ai découvert dans le cours de mes recherches sur
les fossiles, un genre à deux doigts seulement, qui n en est pas
(i) Prodromus metliodi mammalium. Tubing. 1780.