Dépôts sous les
eaux.
Stalactites.
Telle est l’action des eaux sur la terre ferme; et l’on voit qu’ elle
ne consiste presque qu’en nivellemens, et en nivellemens qui ne
sont pas indéfinis. Les débris des grandes crêtes charriés dans les vallons;
leurs particules, celles des collines et des plaines, portées jusqu’à
la mer ; des alluvions étendant les côtes aux dépens des hauteurs,
sont des effets bornés, auxquels la végétation met en général
un terme, qui supposent d’ailleurs la préexistence des montagnes,
celle des vallées, celle des plaines, en un mot, toutes les inégalités
du globe, et qui ne peuvent, par conséquent, avoir donné naissance
à ces inégalités. Les dunes sont un phénomène plus limité encore, et
pour la hauteur, et pour l’étendue horizontale; elles n’ont point de
rapport avec ceS énormes masses dont la géologie cherche l’origine.
Quant à l’action que les eaux exercent dans leur propre sein ,
quoiqu’on ne puisse la connoître aussi bien, il est possible cependant
d’en déterminer jusqu’à un certain point les limites.
Les lacs, les étangs, les marais, les ports de mer où il tombe des
ruisseaux, surtout quand ceux-ci descendent de coteaux voisins et
escarpés, déposent sur leur fond des amas de limon qui finiroient par
les combler, si l’on ne prenoit le soin de les nettoyer. La mer jette
également dans les ports, dans les anses, dans tous les lieux où ses eaux
sont plus tranquilles, des vases et des sédimens. Les courans amassent
entre eux, ou jettent sur leurs côtés le sable qu’ils arrachent au fond
de la mer, et en composent des bancs et des bas-fonds.
Certaines eaux, après avoir dissous des substances calcaires au
moyen de l’acide carbonique surabondant dont elles sont imprégnées,
les laissent cristalliser quand cet acide peut s’évaporer, et en forment
des stalactites et d’autres concrétions. Il existe des couches cristallisées
confusément dans l’eau douce, assez étendues pour être comparables
à quelques unes de celles qu’a laissées l’ancienne mer.
Dans la zone torride, où les litophytes sont nombreux en espèces,,
et se propagent avec une grande force, leurs troncs pierreux s’en-
Litophytes.
P R É L IM IN A IR E ,
trelacenten rochers, en récifs, et, s’élevant jusqu’à fleur d’eau, ferment
l’entrée des ports , tendent des pièges terribles aux navigateurs.
La m er, jetant des sables et du limon sur le haut de ces écueils,
en élève quelquefois la surface au-dessus de son propre niveau, et
en forme des îles qu’une riche végétation vient bientôt vivifier (i).
II est possible aussi que, dans quelques endroits, les animaux à incrustations,
coquillages laissent en mourant leurs dépouilles pierreuses, et que,
liées par des vases plus ou moins concrètes, ou par d’autres cimens,
elles forment des dépôts étendus, ou des espèces de bancs coquilliers ;
mais nous n’avons aucune preuve que la mer puisse aujourd’hui
incruster ces coquilles d’une pâte aussi compacte que les marbres ,
que les grès, ni même que le calcaire grossier dont nous voyons les
coquilles de nos couches enveloppées. Encore moins trouvons-nous
qu’elle précipite nulle part de ces couches plus solides, plus siliceuses
qui ont précédé la formation des bancs coquilliers.
Enfin toutes ces causes réunies ne releveroient pas une seule
couche , ne produiroient pas le moindre monticule, ne changeroient
pas d’une quantité appréciable le niveau de la mer.
On a bien soutenu que la mer éprouve une diminution générale ,
et que l’on en a fait l’observation dans quelques lieux des bords
de la Baltique; mais quelle que soit la cause de cette apparence, il est
certain qu’on n’a rien observé de semblable surnos. côtes, et qu’il n’y
a point d’abaissement général des eaux. Les plus anciens ports de
mer ont encore leurs quais, et tous leurs ouvrages à la même hauteur
au-dessus du niyeau de la mer, qu’à l’époque de leur construction.
On a bien supposé aussi des mouvemens généraux de la mer
d’orient en occident, ou en d’autres directions ; mais on n’a pu nulle
part en estimer les effets avec quelque précision.
L ’action des volcans est plus bornée, plus locale encore que Volcans.
T. 1 c
(i) Yoyez les Observations faites dans la mer du Sud, par R. Forster.