scaphoïde et le cuboïde , mais dont l’apophyse postérieure ou tubérosité
n’étoit point aussi forte que celle de l’homme.
Cette extrémité postérieure étoit bien sûrement d’un éléphant; il
n’y a point d’autre animal dont l’astragale ressemble assez à celui
de l’homme pour que qui que ce soit ait pu s’y méprendre.
Riolan dit, dans une de ses brochures, que le Dauphiné est
rempli de ces os. En effet dès i 58o Cassanion assure qu’on montrait
des os de géans déterrés plusieurs années auparavant sur la
colline qui domine le bourg de Tain (i).
Un troisième prétendu géant s’ est trouvé, en 1667, dans une
prairie près du château de M olard, diocèse de tie n n e (2) ; les dents
pesoient chacune dix livres. I *
M. de Jussieu m’a dit avoir vu autrefois des os d’éléphant suspendus
dans une des églises de V a len ce, et qu’on y disoit de géant.
Sloane annonce qu’un marchand françois en avoit apporté de son
temps de cette même province en Angleterre.
A mesure qu’on se rapproche de notre époque, les observations
deviennent plus positives. Une véritable mâchelière d’éléphant a été
publiée par M. de la Tourette dans le IX e. tome des Savons étrangers
de VAcadémie des Sciences, p. 747 e t suit*.; elle fut trouvée
en 1760 près de Sa in t-V a lier, à demi-quart de lieu du Rhône, et
à quatre-vingts pieds d’élévation au-dessus de ce fleuve, dans une
terre graveleuse, mêlée de cailloux.
M. G uillierm in, maire de Vienne, a envoyé récemment au cabinet
du roi une mâchelière bien conservée, trouvée auprès de
cette ville en 1814, dans un lit de gravier.
M. Polonceau, ingénieur des ponts et chaussées, en a envoyé
une autre du même lieu.
Il y en a plus haut sur le Rhône, car on voit, à ce que me mande
M. P ic te t, dans le cabinet de M. de Saussure, une défense trouvée
près de Genève.
(1) Cassanio, De G ig ., 64*
(2) Dom Calmet, Diet, de la Bible, I I , p. 161.
Il y en a aussi en Provence. M. Arnaud de Pim oisson, procureur
général à la cour royale. d’Aix, possède une mâchoire inferieure
d’éléphant, trouvée dans les environs de R ie z , département
des Rasses-Alpes. Je tiens ce fait de lui-même.
La rive droite du Rhône n’en est pas dépourvue. Indépendamment
de ceux dont nous avons parle plus haut d apres J ea n Ternaire et
Cassanion, M. Soulavie fait mention d’un squelette presque entier
■ découv ert dans les environs de Tavoûte, département de 1 Ardeche,
dans les atterrissemens voisins du Rhône (i).
M. Faujas décrit une défense trouvée par M. Lavalette dans la
commune d’A rbres, près Villeneuve-de-Rerg, meme departement,
au pied des M onts-Coirons, et à cinq pieds de profondeur dans un
tuffa volcanique (2), défense dont le propriétaire vient d’envoyer une
partie au cabinet du roi.
M. Cordier, inspecteur des mines, qui a succédé récemment à
la chaire de géologie de M. Faujas au Muséum d’histoire naturelle
, a bien voulu me donner une note sur cette position qu’il a
aussi examinée avec soin. La défense étoit incrustée dans 1 intérieur
d’une brèche volcanique solide, qui ne forme pas seulement le
sommet de la colline d’A rbres, mais s’étend en couches horizontales
sous toute la masse des Coirons dont elle est la première assise.
Assez bien conservée ailleurs, elle est presque entièrement décomposée
à A rbres, et s’y réduit en une argile jaunâtre où les pyroxènes
sont seuls restés entiers ; tout ce sol volcanique repose sur une haute
plaine de calcaire coquillier compacte, diversement incliné. II fau-
droit maintenant savoir si ces défenses étoient enveloppées dans le
corps même de la couche volcanique, ou seulement dans quelques
uns de ses anciens déblais. Au reste M. Cordierc.onnoît plusieurs autres
lieux où des ossemens sont enveloppés dans des matières volcaniques.
On peut consulter la carte des Coirons, publiée dans l’histoire naturelle
de la France méridionale, t. YI.
(1) Hist. nat. de la France m é r i d t. I I I , p. 98.
(2) Annales du Muséum d’Hist. nat.-, t. I I , p. 24*