» ibis. Et il avoit dit de ceux-ci : ils sont de la taille du crex , de
» couleur entièrement noire, et ont les pieds semblables à ceux de la
» grue, et le bec crochu. »
Combien de voyageui’s ne font pas aujourd’hui de si bonnes descriptions
des oiseaux quils observent, que celle qu’Hérodote avoit
faite de l’ibis?
Comment a-t-on pu appliquer cette description à un oiseau qui n’a
de nu que la face, et qui l’a rouge, à un oiseau qui a le croupion blanc
et non recouvert au moins comme le nôtre par les plumes noires des
ailes.
Cependant ce dernier caractère étoit essentiel à l’ibis : Plutarque
dit ( de Iside et Osiride) qu’on trouvoit dans la manière dont le
blanc étoit tranche avec le noir dans le plumage de cet oiseau, une
figure du croissant de la lune. C’est en effet par la réunion du noir
des dernières plumes des ailes avec celui des deux bouts d’ailes que
se forme, dans le blanc, une grande échancrure demi-circulaire qui
donne à ce blanc la figure d’un croissant.
Il est plus difficile d expliquer ce qu’il a voulu dire en avançant
que les pieds de l’ibis forment, avec.son bec, un triangle équilatéral.
Mais on conçoit 1 assertion d’Elien, que, lorsqu’il retire sa
tète et son cou dans ses.plumes, il représente un peu la figure d’un
coeur ( i}. Il etoit a cause de cela 1 emblème du coeur humain selon
Horus Apoll., c. 35.
D’après ce qu’Hérodote dit de la nudité de la gorge, et des plumes
qui couvroient le dessus du cou, ilparoît avoir eu sous les yeux un
individu d’âge moyen, mais il n’en est pas moins certain que les
Egyptiensconnoissoient aussitrès-bienlésindividus à cou entièrement
nu. On en voit de tels représentés d’après des sculptures en bronze
dans le recueil d’antiquités égyptiennes, de Caylus (tome I , pi. X ,
n°. 4, et tome V, pl. X I , n°. î) . Cette dernière figure est même
tellement semblable à notre oiseau de la pl. Il, que l ’on diroit qu’elle
a été faite d’après lui.
Lespeintui’esd’Herculanum ne laissent non plus aucune espèce de
doute; les tableaux nos. i 38 et 140 de l’édition de David, et-tome II,
p. 3i 5 , n°. 5g , et page 3a i, n°. 6o de l’édition originale, qui représentent
des cérémonies égyptiennes, montrent plusieurs ibis marchant
sur le parvis des temples ; ils sont parfaitement semblables à
l’oiseau que nous avons indiqué : on y reconnoît surtout la noirceur
caractéristique de la tete et du co;u , et on voit aisément par la proportion
de léur figure avec les personnages du tableau, que ce
devoit être un oiseau d’un demi mètre tout au plus, et non pas d’un
mètre ou à peu près comme le tantalus ibis.
La mosaïque de Palestrine présente aussi dans sa partie moyenne
plusieurs ibis perchés sur dés bâtimens; ils ne diffèrent en rien de Ceux
des peintures d’Hercülanum.
Une sardoinedu cabinet de D. Mead, copiée par Shatv, app. tab. V,
et représentant un ibis, semble être une miniature de l ’oiseau que
nous décrivons.
Une médaille d’Adrien, en grand bronze, représentée dans le
Muséum de Farnèse, tome VI, pl. X X V Ï ÏI , fig. 6 , et une autre du
même empereur, en argent, représentée tome IH, pl. V I , fig. g ,
nous donnent des figures de l’ibis, qui malgré leur petitesse ressemblent
assez à notre oiseau.
Quant aux figures d ’ibis sculptées sur la plinthe de la statue .du
N il, au Belvédère et sur sa copie au jardin des Tuileries, elles ne
sont pas assez terminées pour servir de preuves.; mais parmi les
hiéroglyphes dont l’Institùt d’Egypte a fait prendre des empreintes
sur les lieux, il en est plusieurs qui représentent notre oiseau .sans
équivoque. Nous donnons (pl- III, fig, i ) une de ces empreintes que
M. Geoffroy,a bien voulu nous communiquer.
Nous insistons particulièrement sur cette dernière figure, attendu
T. I. u