Semenpserteus, contemporain de Pythagore, etc. Un Ram isès,
que l’on pourroit croire le même que Rhanisès,, y est fait contemporain
du siège de Troie.
Je n’ignore pas que l’on a essayé de concilier ces listes, en supposant
que les rois ont porté plusieurs noms ; pour moi qui ne considère
pas seulement la contradiction deces divers récits, mais qui suis
frappé par-dessus tout de ce mélange de faits réels attestés par de grands
monumens, avec des extravagances puériles, il me semble infiniment
plus naturel d’en conclure que les prêtres égyptiens n’a'voient point
d’histoire ; qu’inférieurs encore à ceux des Indes, ils n’avoient pas
même de fables convenues et suivies ; qu’ils gardoient seulement
quelques souvenirs de leurs principaux rois, des auteurs de leurs
temples et des autres grands ouvrages qui décoroient leur pays;
mais que ces souvenirs étoient confus, qu’ils ne reposoient guères
que sur l’explication traditionnelle que l’on donnoit aux images
peintes ou sculptées sur les monumens, explications fondées' seulement
sur des inscriptions hiéroglyphiques, conçues comme celle
dont nous avons l’explication (i) en termes très-généraux, et qui,
passant de bouche en bouche, s’altéroient, quant aux détails, au gré
de ceux.qui les communiquoient aux étrangers; et qu’il est par conséquent
impossible d’asseoir aucune proposition relative à l’antiquité des
continens actuels sur les lambeaux de ces traditions, déjà si incomplètes
dans leur temps, et devenues tout-à-fait méfconnoissables sous
la plume de ceux qui nous les ont transmises.
Si cette assertion avoit besoin d’autres preuves, elles se trouve-
roient dans la liste des ouvrages sacrés d’Hermès, que les prêtres
égyptiens portoient dans leurs processions solennelles. Clément
d A lexan drie (2) nous les nomme tous au nombre de 42, et il ne 1 2
(1) Celle de Ramestès dans Ammien, loc. cit.
(2) Stromat. , lib. "VI, p. 633.
PRÉLIMINAIRE,
s’y trouve pas même, comme chez les Bramines, une épopée ou un
livre qui ait la prétention d’être un récit, de fixer d’une manière
quelconque aucune grande action, aucun événement.
Ce qui est prouvé et connu pour les Indiens, ee que je viens de
rendre si vraisemblable pour les habitans de la vallée du Nil, ne doit-
on pas le présumer aussi pour ceux des vallées de l’Euphrate et du
Tigre? Etablis, comme les-Indiens ( i) , comme les Egyptiens, sur
une grande route du Commerce, dans de vastes plaines qu’ils avoient
été obligés de couper de nombreux canaux, instruits comme eux
par des prêtres héréditaires,«dépositaires prétendus de livres secrets,
possesseurs privilégiés des sciences, astrologues; constructeurs de
pyramides et d’autres grands monumens (2), ne devoient-ils pas leur
ressembler aussi dans d’autres points essentiels? Leur histoire ne de-
voit-ellepas également se réduire à des légendes? J’ose presque dire,
non-seulement que cela est probable, mais que cela est démontré
par le fait.
Ni M oïse, ni Homère ne nous parlent encore d’un grand empire
dans la Haute-Asie. Hérodote (3) n’attribue à la suprématie des Assyriens
que 520 ans de durée, et n’en fait remonter l’origine qu’en-
viron 8 siècles avant lui. Après avoir été à Babylone, et en avoir
consulté les prêtres, il n’en a pas même appris le nom det N in us,
comme roi des Assyriens, et n’en parle que comme du père Al A -
gron (4) , premier roi Héraclide de Lydie. Cependant il le fait fils
de R elu s, tant il y avoit dès-lors de confusion dans les souvenirs.
S’il parle de Sémiramis comme de l’une des reines qui ont laissé de * Il
(1) Toute l’ancienne mythologie des bramines se rapporte aux plaines ou coule le Gange ,
et c’est évidemment là qu’ils ont fait leurs premiers établissemens.
(2) Les descriptions des anciens monumens chaldéens ressemblent beaucoup à ce que
nous voyons de ceux des Indiens et des Egyptiens; mais ces monumens ne se sont pas conservés
de même , parce qu’ils n’étoient construits qu’en briques séchées au soleil.
(3) Clio , cap. X CV .
I l Ibid. I cap. VII,
T. I. n