C’ est probablement sur une tradition semblable que l’un des lieux
où l’on trouve le plus de ces os, près de S a n ta -F é de Bogota,
est nommé le Camp-des-Géans. M. de Humboldt dit qu’il y en a
un amas immense. Ceux qu’il a rapportés sont pénétrés de sel marin.
On parlebeaucoupplus souvent encore desosdegéansduMexique:
mais comme nous n’avons pas vu de dents venues de l’Amérique
septentrionale qui appartinssent aux espèces dont nous traitons
maintenant, nous pensons que les os du Mexique seront plutôt de
la grande espèce de l’Ohio, ou même de l’éléphant fossile ; car nous
savons que l’on trouve l’une et l’autre en ce pays-là.
Ce que les os de l’Amérique méridionale ont de plus particulier
dans leur gisement, c’ est l’extrême hauteur où ils se trouvent quelquefois.
Le Camp-des-Géans est à i 3oo toises au-dessus du niveau
de la mer.
Mais il y en a aussi dans les parties basses. Dans une lettre de
Joseph de Ju ssieu , dont je reparlerai bientôt , il est dit qu’à Sainte-
H élèn e, près de G uayaquil, dans un terrain d’alluvion voisin de la
mer, on découvre, en creusant des puits, des ossemens monstrueux
qui appartiennent fort probablement à cette espece.
Dombey n’a point laissé de note sur le lieu des morceaux qu’il a
rapportés; il dit seulement qu’ils étoient pénétrés de parcelles d’argent
natif. 11 ne m’a pas été possible d’en retrouver les traces ; mais
les os étoient incrustés en plusieurs endroits d’un sable ferrugineux
endurci; e‘t comme au Pérou les paillettes d’argent se trouvent
souvent dans le sable, il est possible qu’il y en ait eu d’attachées à ces
morceaux.
Don George Juan (1) dit que l’on trouve des filets d’argent dans
les ossemens des Indiens qui ont péri anciennement dans les mines,
Peut-être ces deux faits ont-ils quelque liaison.
11 est fâcheux que les prétendues turquoises que fournissoient les-
dents déterrées à Simorre n’aient pas acquis dans le commerce un
prix suffisant pour faire continuer les fouilles : nous aurions proba- 1
(1) V o j . au Pérou, trad. f r . , in-4“. , I , Î 27-
blement aujourd’hui un plus grand nombre de parties de 1 animal à
qui elles appartenoiént ; mais, outre que la plupart n avoient point
de consistance et éclatoient quand on vouloit les chauffer, celles
même qui résistoient à l’action du feu y prenoient rarement une
couleur bien égale et bien vive.