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Mais la dissection montra que cette proéminence n’étoit produite
que par deux cartilages qui recouvrent l’entrée des canaux de la
trompe dans les narines osseuses.
Ces cartilages étoient un peu plus bombés dans ce mâle que dans
les autres individus.
Ce n’étoit pas même un caractère commun à tous les totales ; le
dauntelah du Bengale, que nous avons possédé ensuite, ne l’avoit
point.
Le même auteur avoit fait donner h ses figures des défenses beaucoup
plus grandes que ces deux individus ne les avoient, « afin ,
» dit-il, p. 269, de fa ir e comprendre à ceux qui r i ont jam ais vu
y> d éléph an s, la manière dont ces animaux portent leurs dé-
» ffenses» » Mais alors il n’auroit pas dû en faire donner de grandes
à la femelle, qui n’en porte jamais de pareilles dans l’espèce des
Indes.
Je ne laisse subsister ces remarques critiques sur l’ouvrage de
mon défunt confrère , que parce qu’il importe que des erreurs
graves consignées dans un livre, d’ailleurs utile, ne puissent se
propager.
4°. Différences relatives au x oreilles extérieures.
La plupart des caractères que nous venonsd’énoncer, contribuant
à la configuration générale de la tête, sont sensibles au dehors ; il
en est un autre-plus extérieur encore, et qui peut faire distinguer
les especes au premier coup d’oeil. Je crois aussi l’avoir remarqué le
premier : il consiste dans la grandeur des oreilles.
L ’éléphant des Indes les a médiocres ; elles sont énormes, et couvrent
toute l’épaule dans Xéléphant d A frique.
Je me suis assuré du premier point, 1°. sur les trois éléphans que
j’ai vus vivans et quej’ai disséqués ensuite : deux étoient de Ceylan et le
troisième du Bengale ; 20. sur deux autres individus que j’ai vus
vivans, et sur deux que j’ai observés empaillés; 3«. sur toutes les figures
bien connues pour appartenir à 1 espèce des In d es, notamment celles
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de B uffon , de B la ir et de Camper; 4°- sur-la figure d’un embryon
d’éléphant de Ceylan, décrit par E . A . W . Zimmermann( 1 ).
Quant au second point, j’en ai pour preuve, i°. ïélép ha n t de
Congo, disséqué par Duverney. On peut voir sa figure dans les
Mémoires pour servir à l ’H ist. des A n im ., part. I I I , et je suis sur
que l’oreille n’y est point exagérée, parce qu’on la conservoit
encore, il y a quelque temps, au Muséum, et que je l’y ai vue et
examinée.
20. Une oreille conservée au cabinet du roi de Danemarck, et
prise d’un éléphant tué au cap de Bonne-Espérance, par le capitaine
Magnus Ja cobi, en 1675. Elle a 3 pieds et demi de long,,et 2 pieds
et demi de large (2).
3°. Un jeu n e éléphant d ’A friq u e qui a été dans notre Muséum,
et se trouve maintenant dans celui de l’Université de Leyde s.es
oreilles, quoique raccornies par le dessèchement, sont encore aussi
grandes que sa tête.
4°. Un embryon d’éléphant d A friq u e de notre Muséum.
5°. Toutes les figures bien connues pour être d éléphant
d A frique.
D’après ces caractères, on peut s’assurer sur quelle espèce ont été
faiteS’les figures dont l’origine n’est pas connue, ou celles que nous
offrent les monumens.
Ainsi les éléphans représentés sur les médailles romaines sont
presque tous d’Afrique (3).
La figure de Gessner (4) , copiée par Aldrovande (5), est de
l’éléphant d’Afrique. Celle de V alen tin (6), copiée par Labat (7),
et altérée par K olb e (8), en est également. 1
(1) Erlang, 1783 , m-4°-
(2) Oliger Jacobceus, Mus. reg. Dan., 1697 , fol. p. 3 .
(3) Ciiper, De Elephantis in nummis obviis, passim.
(4) Quadr., p. 377.
(5) Quadr., lib. I , p. 465.
(6) Amphithédtr. zoot., tab. I , f. 3 .
' (7) Afr. O c c . , I I I , p. 271.
(8) Relation du ca p., trad. fr. , in-12 , tome I I I , p. 11.